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Une visite au Grand Orient : « 3 siècles d’antimaçonnisme »

Posté par leblogdegaudius le 31 octobre 2014

Une fois n’est pas coutume, je vous parlerai, non pas de rosicrucianisme, mais de maçonnisme ou plutôt d’antimaçonnisme.

J’ai constaté comme tant d’autres la montée des extrémismes et de l’intolérance. Parmi les cibles choisies, la franc-maçonnerie en a plus que sa part. Il y a des francs-maçons au sein de l’AMORC, qui restent généralement discrets sur leur parcours, mais je ne pense pas qu’ils apprécient le traitement qui est réservé à leurs obédiences.

Quand j’ai appris qu’une conférence serait donnée par des francs-maçons à Lille ce samedi 25 octobre à 17h au Temple de la rue Thiers,  j’ai sauté sur l’occasion et je me suis inscrit par internet quelques jours auparavant. Le thème de la conférence était « 3 siècles d’antimaçonnisme 1738-2014, une source des discours « anti » »  et se déroulerait en 3 parties :

  1. L’antimaçonnisme au XVIIIe siècle, naissance d’un mythe moderne : le complot des francs-maçons par Daniel Morfouace,
  2. L’antimaçonnisme antirépublicain, du XIXe siècle aux persécutions de Vichy par Yves Hivert-Messeca
  3. L’Antimaçonnisme contemporain : résurgences et mutations par Jiri Pragman

Puis c’est Daniel Keller, Grand-Maître actuel du Grand Orient de France, qui conclurait la soirée.

Le jour venu, donc, je me rends rue Thiers à l’heure dite et je me présente à l’entrée. Un rapide contrôle, et on m’invite à monter à l’étage : la conférence aura lieu dans le temple lui-même, et pas dans une salle plus neutre. Mazette ! Ça  n’est pas rien quand même !

Un membre m’invite à m’assoir en priorité sur les sièges du nord. Je ne sais si c’est voulu ou si c’est le hasard, ni si la signification du nord en franc-maçonnerie est identique à celle qu’on trouve dans notre ordre, mais toujours est-il que cela me rappelle « quelque chose ».

Bref, je m’installe, et je regarde le décor : des sculptures et des statues de l’Egypte ancienne ornent les murs et l’orient du temple, avec notamment des sphinx qui gardent un escalier, et des globes ailés sur les murs. A l’orient, des vitraux avec la lune, le soleil et le triangle lumineux tandis qu’à l’occident, je remarque notamment un pentagramme dans lequel est inscrit la lettre G et ce qui me semble être la Grande Ourse.

Jiri Pragman est déjà dans la salle et s’occupera du diaporama. Peu à peu, le temple se remplit, les sièges sont pratiquement tous occupés et j’ai l’impression qu’il y a au moins une centaine de participants. Sans doute beaucoup de francs-maçons car beaucoup se reconnaissent et se saluent ou se font 3 bises. Enfin, les conférenciers et les dignitaires font leur entrée ; parmi eux, Daniel Keller. Le responsable de la loge lilloise souhaite la bienvenue à l’assemblée et précise que le siège du « vénérable » a été utilisé lors du tournage du film « Forces occultes » pendant la 2ème guerre mondiale, après les décrets de Vichy.  Puis les conférenciers interviennent.

En premier lieu, Daniel Morfouace introduit son entretien avec cette citation de Goya : « Le sommeil de la raison engendre des monstres ».

La franc-maçonnerie apparait au XVIIème siècle, au « Siècle des Lumières » et se veut d’inspiration biblique sur des bases opératives. On trouve dans les loges des notables, des nobles et des ecclésiastiques. La franc-maçonnerie reçoit au début un accueil positif

Mais dès 1730, on assiste à des divulgations de statuts et de rituels, souvent le fait de quelques francs-maçons eux-mêmes. L’hostilité apparait vers les années 1740-1750 avec la première condamnation en 1738 du pape Clément XII. La bulle,  » In eminenti apostolatus specula », n’aura que très peu d’effet car elle n’a pas été enregistrée au parlement de l’époque (cette bulle sera reprise par la suite lors du Concordat). 

C’est l’ouvrage de l’abbé Augustin Barruel qui donne le départ, avec son ouvrage « Mémoires pour servir à l’histoire du jacobinisme » en 1797.  L’abbé Barruel y expose sa thèse : la Révolution Française a été prévue et préparée par les sociétés secrètes. Il y voit  les complots des philosophes des Lumières, de la franc-maçonnerie « contre les autels et le trône », et la main des Illuminés de Bavière. (Il y fait aussi le distinguo entre la franc-maçonnerie anglaise, « la bonne », et la franc-maçonnerie française).  Le livre remporte un succès immédiat.

Avant de terminer son exposé, Daniel Morfouace révèle que ces thèses ont été parfois revendiquées par les francs-maçons eux-mêmes, et il conclut en déclarant que ce mythe sera porteur par la suite de tout ce qui sera antimoderne et anti-démocratique.

Puis vient le tour d’Yves Hivert-Messeca. Avec rondeur, bonhomie et une pointe d’accent méridional, il aborde l’antimaçonnisme, du XIXème siècle à Vichy. La franc-maçonnerie est immédiatement interdite en Espagne tandis qu’elle devient une franc-maçonnerie d’état en Angleterre, en Suède, en Russie et en France. Il explique que l’antimaçonnisme est en fait la conjonction des anti-lumières et des complotistes.

Viennent les années 1870 en France. Du fait de la guerre, il y aura beaucoup de départs qui seront compensés par l’arrivée de nouveaux membres qui étaient républicains. La franc-maçonnerie française se transforme. Du côté catholique, on assiste aussi à la venue des antirépublicains. Apparaissent alors des ouvrages d’auteurs dont celui de Mgr de Ségur, petit-fils de la comtesse, (intitulé tout simplement « les francs-maçons) connait un succès immédiat. Puis ce furent l’affaire Dreyfus, l’affaire des fiches (général André : 1900-1904)  et la loi 1905. Mais c’est l’affaire Dreyfus qui coagule l’antisémitisme et l’antimaçonnisme : c’est la naissance de l’anti-judéo-maçonnisme, théorisé par des ex maçons comme Léo Taxil et Jules Doinel. La gauche n’est pas en reste, puisqu’on assiste là aussi à l’apparition d’un antimaçonnisme de gauche, notamment en Italie et en Russie (3ème internationale, Trotsky).

Durant la 1ère guerre mondiale, l’antimaçonnisme tend à diminuer d’ampleur mais il reparait dans les années 1930. Tous les totalitarismes, rouge comme noir, interdisent la franc-maçonnerie. Suite à  l’affaire Stavisky, en 1934, 4 députés demandent l’interdiction de la franc-maçonnerie en France. Le vote a lieu avec 370 voix contre à gauche, 80 pour et 112 abstentions. Du fait de la radiation de certains francs-maçons, les effectifs chutent de 8 000 membres.

En 1940, le régime de Vichy interdit la franc-maçonnerie. Le summum se situe en 1943 dans toute l’Europe. Seuls 5 pays européens seulement autorisent la franc-maçonnerie : le Royaume Uni, l’Irlande, l’Islande, la Suisse et la Suède. Ce sera le générale De Gaulle qui, en rétablissant la légitimité républicaine, dans l’ordonnance du 9 août 1944, abrogera les lois anti-juifs et antimaçonniques de Vichy (il aura déjà auparavant promulgué une ordonnance  à Alger, le 15 décembre 1943).

Jiri Pragman, dans la 3ème partie de la soirée, aborde l’antimaçonnisme contemporain. Aux manettes de son diaporama, il montre que les antimaçonniques font un usage énorme de l’image : c’est une anti maçonnerie décomplexée, voire même haineuse, où on retrouve certains catholiques extrémistes, des militants d’extrême droite et des militants d’extrême gauche (les francs-maçons sont toujours qualifiés de « sans-Dieu » et de « libertins »). Les catholiques extrémistes et l’extrême droite accusent la franc-maçonnerie d’être à l’origine de « lois mortifères », on leur attribue de nouveau l’origine de la Révolution Française ; (notamment chez les manifestants opposés au vote de la loi sur « le mariage pour tous »), on évoque les « hauts grades », on assiste à l’apparition des injures, de tags et de banderoles dans n’importe quelle circonstance…

Certains protestants évangéliques ne sont pas en reste et eux aussi utilisent beaucoup d’images, comme celle du « Baphomet », certains responsables organisent des « séminaires de délivrance », ou propagent des rumeurs  comme la pédocriminalité, les sacrifices humains ou des meurtres.

Chez certains musulmans aussi l’antimaçonnisme est apparu : la charte du Hamas en parle ; on associe également l’antimaçonnisme avec le sionisme, on réutilise le «Protocole des Sages de Sion », réputé faux. Les conflits du Moyen-Orient attisent aussi l’antimaçonnisme.

Certains auteurs s’amusent à trouver des symboles «maçonniques » presque partout. Les réseaux sociaux sont beaucoup utilisés. Il ne faut pas non plus oublier le rôle de la presse dans les affaires traitant de « pouvoirs » et de « réseaux », ni les interventions des déçus et des renégats.

Face à tout cela, Jiri Pragman insiste sur l’importance du démontage. Dans son ouvrage, « l’antimaçonnisme actuel », il s’interroge :

 

 «  La situation est-elle grave? Sans doute mais le problème n’est pas limité à la franc-maçonnerie. Ne serait-ce pas une affaire d’instruction? Après observation de l’antimaçonnisme, à côté d’actions d’extériorisation de la maçonnerie, de la diffusion d’une information pédagogique et scientifique sur la maçonnerie, ne faudrait-il pas de manière plus générale favoriser l’éducation aux médias, particu­lièrement aux e-médias?

Les maçons et leurs obédiences ne pourront, eux, faire l’impasse sur une réflexion. Faudra-t-il vivre caché pour vivre heureux et s’en aller vers une maçon­nerie plus secrète que discrète? Ou faudra- t- il gérer autrement la communication et se poser la question des différentes formes d’extériorisation?

Faudrait-t-il créer un observatoire de l’antimaçonnisme et développer une branche de la maçonnologie consacrée à cet antimaçonnisme tel qu’il se diffuse aujourd’hui?

Les chantiers sont ouverts… »

 

En conclusion, Daniel Keller insiste sur la lutte contre ce genre de comportement fanatique et en appelle à la lutte pour la lutte et le maintien de la république. C’est dans ce sens qu’il prend, en quelque sorte, son bâton de pèlerin et qu’il interviendra par la suite dans d’autres villes de France sur ce même thème.

(N.B. : je n’ai pas pris note de toutes les déclarations de Daniel Keller, parce que mon attention s’était quelque peu relâchée après tout ce temps. Je n’ai pas non plus voulu faire un copié-collé des articles de presse pour « remplir » mon article. Je m’en excuse auprès de lui pour cette lacune.)

 

Après ces dernières paroles, les organisateurs proposèrent le pot de l’amitié en « salle humide ». Le lent reflux de la foule vers les agapes me laissa le temps de mieux admirer les portraits et les documents accrochés ici et là. Au milieu de la foule, j’essaie de me glisser afin de jeter un petit coup d’œil. Dans une vitrine sont exposés des sautoirs, et sur les murs, des affiches un peu partout. La bibliothèque est grande.

 

J’avise un conférencier, Yves Hivert-Masseca,  et je lui pose la question que je n’ai pas eu le temps de poser dans le temple. Nous discutons bien et un jeune homme, sans doute un franc-maçon se joint bientôt à nous. Le conférencier relate des incidents qui sont arrivés à certains membres, mais pondère ses propos en disant qu’il ne faut pas y voir systématiquement des actes antimaçonniques là où il y a des actes de voyous. Il confirme que même si la situation actuelle est inquiétante, on n’en est pas pour autant revenu aux années 1930. En ce qui concerne l’avenir, il semble dubitatif et envisage la fin du modèle occidental et patriarcal. Des femmes assistent également à la conversation tandis que la salle se vide petit à petit.

 

Soudain, mon estomac se rappelle à moi. Il est temps de prendre congé. Chipant au passage une poignée de cacahuètes salées, je remercie le responsable pour l’accueil simple et la qualité des entretiens, puis je file dare-dare au restau-rapide du coin (vous savez, celui avec le clown et les lettres jaunes).

 

Je suis content de ma soirée, et j’ai apprécié l’érudition des intervenants. Et à présent, je pose cette question : cette lutte contre toutes les formes d’obscurantisme et de fanatisme doit-elle être laissée aux seuls francs-maçons ou bien est-elle l’affaire de tous ? En ce qui me concerne, c’est oui. Le combat à mener est celui pour l’intelligence et la pédagogie. Face aux attaques qu’ils subissent, c’est tout à l’honneur des francs-maçons du GODF, en la personne de leur Grand-Maître,  de réagir et de ne pas laisser le champ libre aux fanatiques. Et j’ajouterai même : il était temps !

Temple maçonnique lille

Gaudius

P.S.: si un membre ou un conférencier relevait des erreurs, des oublis ou des contresens, je l’invite à me le faire savoir et à apporter toutes les corrections dans le sens voulu.

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Illuminaten, Illuminati et Illuminés: une mise au point

Posté par leblogdegaudius le 30 juillet 2014

Serge TOUSSAINT,  Grand-Maître de l’AMORC, a rédigé 2 articles sur le site de la Grande Loge, à propos de la confusion entre « Illuminaten » et « Illuminati », et il a donné sur ce sujet l’éclairage de l’Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix.

J’ai essayé de lier ces 2 articles ensemble et de les synthétiser en un seul. Je vous donne les liens pour que vous puissiez les lire séparément  (Les sous-titres sont de moi):

http://www.rose-croix.org/histoire/rose-croix-et-illuminati.html

http://www.rose-croix.org/histoire/illuminatis.html

Introduction :

Depuis quelque temps, on entend beaucoup parler des « Illuminati » et du rôle obscur qu’ils auraient joué depuis leur apparition qui, si l’on en croit Dan Brown dans son livre « Anges et Démons », aurait eu lieu en Italie au XVIe siècle. Pire encore, on prétend qu’ils existent toujours et qu’ils complotent contre l’humanité, partout où ils se trouvent et à travers une multitude de réseaux noyautant quasiment tous les domaines de l’activité humaine : politique, économie, finance, médias, science, ésotérisme, etc. En un mot, ils seraient au cœur de la «théorie du complot», que nombre d’internautes commentent et relayent sur internet, sans parler des livres plus opportunistes les uns que les autres écrits sur le sujet à des fins commerciales.

Dans son livre, « Anges et démons », Dan Brown évoque les Illuminati, une société secrète dont les origines remonteraient au XVIe siècle et qui rassemblerait des savants dont les thèses scientifiques étaient rejetées par l’Église. Selon Dan Brown, l’astronome et mathématicien Galilée (1564-1642) aurait été l’un des membres les plus éminents de cette société. Pourchassés par l’Église catholique, les Illuminati se seraient répandus en Europe, se mêlant aux mystiques, alchimistes, occultistes, juifs ou musulmans, et s’infiltrèrent dans la Franc-Maçonnerie. Toujours selon l’auteur d’ « Anges et Démons », cette société secrète œuvrerait à la destruction de l’Église chrétienne. Dans son livre, il met en scène un complot orchestré par elle.

Les Illuminaten, ou Illuminés de Bavière :

S’il a bien existé une organisation dont le nom s’apparente à celui cité par Dan Brown, son histoire n’est pas celle-là. Le groupe qui lui a servi de modèle est celui des Illuminaten (et non pas Illuminati), et son existence ne remonte pas au XVIe siècle, mais à la fin du XVIIIe, soit près de cent cinquante ans après la mort de Galilée. Les Illuminaten, plus connus sous le nom d’Illuminés de Bavière, est une confrérie qui a été créée en mai 1776 par Adam Weishaupt (1748-1813), professeur de droit à l’université d’Ingolstadt, en Bavière. Ancien élève des jésuites, il fut marqué par la façon dont ces derniers lui enseignèrent la religion, usant d’une sorte de « dressage méthodique » destiné à imposer une dévotion de façade. Il en conçut une aversion pour la religion et s’efforça de combattre l’obscurantisme religieux en se ralliant aux Lumières. C’est dans cet esprit qu’il fonda les Illuminaten, une société secrète qui n’avait pas de vocation initiatique, mais un but subversif.

  • Leurs sources :

La doctrine des Illuminaten s’inspire de Rousseau. Elle prône l’égalitarisme et un rationalisme hostile à la religion. La lumière qu’ils cherchent n’est pas celle de la spiritualité ou de l’initiation, mais celle de la raison, celle des Lumières qui marquent le XVIIIe siècle. Adam Weishaupt ne réussit guère à rassembler qu’une dizaine de membres autour de lui. Constatant le peu de succès de son entreprise, il donna aux Illuminaten une forme maçonnique pour séduire de nouveaux adeptes. En 1782, il tenta même de créer une institution destinée à fédérer la Franc-Maçonnerie allemande pour la « guérir de la théosophie » et la rallier au rationalisme. La société des Illuminaten s’étendit alors en Autriche, en Bohême et en Hongrie, et s’infiltra dans la Franc-Maçonnerie.

  • Francs-Maçons et Rose-Croix donnent l’alerte :

A la fin du XVIIIe siècle, la Franc-Maçonnerie allemande était dominée par la Stricte observance templière et la Rose-Croix, deux groupes très attachés au christianisme et à la spiritualité. Ces deux groupes, les Rose-Croix en particulier, ont rapidement pressenti le danger que représentaient les Illuminaten, lesquels prétendaient réformer la société en instaurant l’athéisme. Le 11 novembre 1783, la loge des Trois Globes de Berlin lança l’anathème contre les Illuminaten, qu’elle accusait de vouloir saper la religion chrétienne et faire de la Maçonnerie un système politique.

De leur côté, les autorités politiques se sentirent également menacées, car Weishaupt voulait s’en prendre aussi à la monarchie. Pour mettre fin à ces agissements, le 22 juin 1784, le prince Charles Théodore, électeur de Bavière, émit un édit ordonnant la dissolution de toute société secrète. Quelques mois plus tard, au début de l’année 1785, c’est Adam Weishaupt qui fut inquiété. D’abord destitué de sa chaire universitaire, il fut bientôt chassé de Bavière. Les Illuminaten furent alors traqués et cessèrent d’exister après 1789.

  • L’ « héritage » des Illuminaten :

Malgré la brièveté de leur existence, les illuminés de Bavière vont connaître une formidable postérité romanesque, qui commence à la fin du XVIIIe siècle avec des ouvrages contre-révolutionnaires comme l’Essai sur la secte des Illuminés (1789) du marquis de Luchet, ou Mémoires pour servir à l’histoire du jacobisme (1797-1799) d’Augustin Barruel. Ces auteurs voient dans la Révolution un complot contre la religion et la royauté, dirigé par la Franc-maçonnerie, et en particulier par les Illuminaten. Cette thèse, mainte fois contredite par les historiens, connaît pourtant encore les faveurs des tenants des thèses conspirationnistes. Ces dernières, basées sur la théorie du complot, tirent leur efficacité du fait que cette théorie « abolit le hasard, les processus historiques, les imperfections humaines et fait croire que tout est voulu, qu’il y a des responsables uniques aux malheurs du monde » (2).

Qu’en est-il donc des véritables Illuminati ?

D’après la Tradition rosicrucienne, c’est le nom que portaient les membres d’un Ordre mystique qui fut fondé au XIIe siècle, lors des premières croisades, dans le but d’œuvrer au rapprochement du Christianisme et de l’Islam, qui se combattaient alors au nom de Dieu. Cet Ordre était composé de Chrétiens et de Musulmans, mais également de Juifs. Tous avaient en commun de vouloir mettre fin aux croisades et de promouvoir la tolérance religieuse. De nos jours, l’Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix se donne entre autres pour mission de perpétuer cet idéal de paix et de tolérance, ce qui explique pourquoi l’une des sections de son enseignement est intitulée : « section des Illuminati ». Vous conviendrez certainement qu’on est bien loin de ce qui est dit généralement à propos des « Illuminati » par ceux qui ne savent pas de quoi ils parlent.

Conclusion :

Au regard des explications précédentes, vous comprendrez que le terme « Illuminati » actuellement très en vogue est impropre à désigner les « Illuminaten » apparus en Allemagne au XVIIIe siècle, et qu’il l’est tout autant pour désigner les prétendus comploteurs qui s’emploieraient actuellement à nuire à telle race, nationalité, communauté, classe sociale, religion, etc., voire à l’humanité dans son ensemble. C’est là, au mieux une confusion de termes, au pire une manipulation. Toujours est-il que le lien établi entre les deux est tout aussi erroné que celui qui consisterait à utiliser le mot « Illuminati » pour désigner tous ceux que l’on considère de nos jours comme des “illuminés”, au sens péjoratif et négatif du terme. Autrefois, on parlait du complot judéo-maçonnique, aujourd’hui, ce sont à d’autres minorités qu’on les attribue. Il faut bien trouver des boucs émissaires aux malaises d’une époque…

En conclusion, on peut dire que s’il est vrai que les Illuminaten furent peu recommandables, en raison de leur propension à comploter contre les pouvoirs religieux et politiques en place, ils n’ont qu’un lointain rapport avec les Illuminati du roman de Dan Brown.

 

Serge TOUSSAINT
Grand Maître de l’Ordre de la Rose-Croix

 

Notes :

(1) René Le Forestier, Les Illuminés de Bavière et la Franc-Maçonnerie allemande, Paris, Hachette, 1914, p. 16.
(2) Antoine Vitkine, Les Nouveaux imposteurs, La Martinière, 2005.

 

Et un grand merci à Serge TOUSSAINT pour tous ces éclaircissements.

Gaudius

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