Le visage de Dieu

Posté par leblogdegaudius le 25 mai 2015

Un brave homme se désespérait, en voyant l’état du monde et les misères des hommes. Plein de colère, il s’adressait à Dieu en lui reprochant de ne rien faire et d’être indifférent à la souffrance de ses créatures.

-          Mais parles ! Montres-toi ! Si tu existes, manifeste-toi, fais quelque chose !

Il se demandait comment un Dieu de toute bonté, de toute pureté, de toute éternité, comment un Dieu que certains avaient rencontré et qui, selon leurs dires, était Vie, Lumière et Amour, comment un Dieu comme cela pouvait laisser faire les choses et ne pas intervenir pour sauver ses enfants puisque, selon les livres sacrés, il était un père aimant pour eux.

Il l’avait cherché partout, dans tous les sanctuaires et dans tous les cultes, dans tous les écrits et toutes les œuvres qui parlaient de Lui, mais hélas sans succès. L’homme ne restait toutefois pas inactif, et il faisait de son mieux pour aider son prochain comme il le pouvait, mais il regrettait de ne pouvoir faire davantage et, parfois, il se décourageait et pleurait amèrement, non sur lui, mais sur ses frères humains. A l’instar du grand Jacques BREL, il « avait mal aux autres ».

Or, il advint qu’un jour, il fit un rêve étrange. Il rêvait qu’il était mort, et qu’il arrivait en présence de Dieu lui-même. Instantanément, il en fut purifié et il sentit une grande paix l’envahir. Enfin, il se trouvait devant le Créateur lui-même ! Se souvenant de ce qu’il avait laissé derrière lui, il osa regarder Dieu en face et, fermement, mais sans plus aucune colère, il lui fit ses remontrances. Et Dieu lui répondit en ces termes :

-          Vois-tu, mon enfant, Je n’ai pas de pieds pour parcourir la terre entière. Je n’ai pas de mains pour les tendre à qui le voudra. Je n’ai pas de jambes pour accourir vers les affligés, Je n’ai pas de bras pour aider le pécheur à se relever ou pour consoler les désespérés, Je n’ai rien. Je ne suis qu’un visage.

Depuis l’éternité, j’attends que des êtres suffisamment forts et résolus osent se présenter devant Moi. Et tu es venu. Alors je te propose un marché : prêtes-Moi tes mains et prêtes-Moi tes pieds, prêtes-Moi tes bras et prêtes-Moi tes jambes, prêtes-Moi ton souffle et prêtes-Moi ton cœur, et je te prêterai Mon visage.

Et l’homme accepta.

Pendant ce même temps, d’autres gens faisaient le même rêve et acceptaient le même marché.

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Gaudius

Attention! Ne pas confondre avec l’ouvrage des frères Bogdanov. Ceci n ‘est qu’un conte et non un ouvrage de réflexion. Je n’ai pas voulu concurrencer les auteurs de l’ouvrage qui porte le même  titre.

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Histoire inconnue des hommes depuis (plus de) 100 000 ans. (histoire drôle)

Posté par leblogdegaudius le 7 mars 2015

J’ai retrouvé l’histoire de notre espèce dans certaines « archives ». Ca remonté à loin, il y a très, très, très longtemps. Voilà comment ça s’est passé : à cette époque-là, on vivait en Afrique de l’Est, dans une profonde vallée. Les arbres commençaient à se faire rares et on était de plus en plus souvent obligés de se poser à terre. A cette époque, je faisais partie des « pattes cassées » ; c’était un petit clan d’éclopés qui avaient raté un arbre et qui s’étaient ramassés lamentablement.

 

Plus question de remonter aux arbres, aussi, on s’était trouvé quelques grottes ici et là pour s’abriter pour la nuit. Et puis on s’est organisés comme on a pu, et pendant que les autres continuaient à batifoler dans les branches et à cueillir les meilleurs fruits ; nous, il a bien fallu qu’on se mette à chasser pour se nourrir.

Heureusement, à l’époque, il y avait des shepioks mordorés en grande quantité. (Le shepiok était un petit rongeur à bajoues, de la grosseur d’un chat, qui vivait dans des terriers et qui se nourrissait des restes de ce que laissaient tomber les mastodons). On savait où en trouver, il suffisait de repérer un troupeau de mastodons (ancêtres des éléphants) car là où il y avait des mastodons, il y avait aussi des shepioks.

 

Et puis les années, les siècles et les millénaires ont passé, on s’est adaptés, notre morphologie s’est adaptée, on est devenus un peu plus grands, ce qui nous a obligés à chasser davantage. Le problème, c’est que la végétation devenait rare, et que les mastodons commençaient à prendre le large, et avec eux les shepioks.

 

Que faire ? C’est Bébête, l’idiot du clan qui a eu l’idée :

 

-          « ben, on n’a qu’à les suivre, on verra bien où ils iront et on fera comme eux ».

 

Alors on s’est mis à les suivre. On a marché loin, loin, longtemps, très longtemps. Et puis un jour, on a trouvé un petit coin de paradis. C’était tout vert, plein d’arbres, plein de hautes herbes, de quoi nourrir les mastodons, les shepioks, les équis, les rinos et les capris (qui n’étaient pas tout à fait finis mais ceci est une autre histoire).Ca se situait dans ce qu’on appellerait plus tard l’Europe.

 

Bref, on a prospéré, on s’est fortifiés, tout allait bien mais une nouvelle épreuve se profilait à l’horizon : le froid. Comme il fallait bien se protéger, on a dû apprendre à assembler des peaux ensemble pour se tenir chaud. Il fallait 100 peaux de shepioks pour avoir une protection convenable. La suite, vous vous en doutez : extinction de l’espèce (ou alors c’est qu’ils étaient et sont toujours bien cachés).

 

Que faire ? C’est Bêta, un descendant de Bébête, l’idiot de la tribu, qui a eu l’idée :

 

-          « ben, on n’a qu’à chasser le mastodon ! c’est plus grand qu’un shepiok, il y a plus de viande et avec sa fourrure, on a de quoi tenir longtemps »


Il faut dire qu’à l’époque, à cause du froid, les mastodons, les équis, les rinos, les capris et autres bestioles s’étaient recouverts d’une épaisse fourrure, bien isolante.

Alors on s’est mis à chasser le mastodon, et puis les rinos, et puis les équis et puis les capris et puis les autres. Mais on avait de plus en plus froid et les hivers duraient de plus en plus longtemps. Dans nos grottes, même serrés, on n’arrivait pas à se réchauffer. Les troupeaux s’en allaient ailleurs et les proies se faisaient plus rares.

 

Que faire ? C’est Balour, un descendant de Bêta qui a eu l’idée :

 

-          « ben, on n’a qu’à partir ailleurs ! Je ne sais pas, moi, le sud ?

 

Grande discussion dans la tribu. Certains étaient d’avis d’aller plutôt vers l’ouest, d’autres voulaient rester parce que, parait-il, une autre tribu avait découvert un secret pour avoir bien chaud, et que ce secret, il fallait absolument s’en emparer. Certaines rumeurs disaient qu’il fallait attendre l’orage (ridicule !), d’autres affirmaient qu’il fallait taper sur des cailloux (et puis quoi encore ?) mais ça n’était sûrement destiné qu’à égarer l’adversaire. D’autres, enfin, étaient d’avis de tenter leur chance avec Balour. Finalement, après bien des palabres, on s’est mis d’accord sur un mode d’action. La tribu ne pouvait nourrir tout le monde, aussi, il fallait bien se séparer : un groupe irait à la recherche du secret, un autre suivrait Balour,  un autre irait vers l’ouest et le reste garderait les grottes pour leur retour éventuel. Et ainsi fut fait.

 

Ce fut une chance pour notre espèce, car en restant tous au même endroit, on aurait couru le risque de disparaître de la surface de la terre. Les groupes se sont dispersés, se sont déployés et quand ils ont trouvé un endroit accueillant, ils ont pu prospérer. Un petit incident cependant avec l’équipe de Balour : des dissensions étaient apparues. Il faut dire aussi que Balour manquait bigrement du sens de l’orientation le plus élémentaire, mais comme il était le descendant (dégénéré, il est vrai) des vénérés Bébête et Béta, on l’écoutait respectueusement.

Bref, on se demandait où aller parce que la tribu avait l’impression de tourner en rond. Ce fut Gropif qui se décida à intervenir :

 

-          « moi, je dis que le sud, c’est par là !

-          Et moi, rétorqua Balour, je dis que c’est par là ! Je sais ce que je dis, quand même !

-          Justement, on se le demande.

-          Dis tout de suite que tu veux ma place !

-          Ta place ? Mais tu peux te la garder, ta place ! Pour ce que ça nous sert…

-          Ah oui ? Et bien qu’est-ce que tu as de mieux à proposer ?

-          De me suivre, parce que le sud, moi, je sais où c’est, le sud ! Je le sens, je le sais ! Alors, les gars, tous derrière moi !

-          (la tribu) : Ouais !

-          Et moi, rétorqua, Balour, fils d’Himb et Cil,  descendant des vénérés Bébête et Béta, je vous ordonne de me suivre !

-          (la tribu) : Ouais !

 

La situation était bloquée et on allait bientôt en venir aux mains. Les uns se rangèrent derrière Balour, et les autres derrière Gropif. Mais personne n’osait prendre l’initiative de la bataille et c’est ce qui sauva les 2 groupes. Finalement, la solution s’imposa d’elle-même : puisque la rupture était consommée, il n’y avait plus qu’à se séparer sans autre forme de procès. Et cela fut fait.

 

Le groupe de Gropif parvint, après bien des embûches, à regagner la terre de nos ancêtres, mais cette fois-ci en bifurquant sur la droite au lieu d’aller tout droit, grâce à une intuition du sage Gropif.

Quant au groupe de Balour, on ne sait trop ce qu’il est devenu. A l’heure actuelle, on suppose qu’ils sont encore à la recherche de leurs terres perdues et qu’ils errent quelque part, dans des contrées lointaines et inconnues.

 

Voilà toute l’histoire de notre espèce et je garantis l’(in)authenticité de ce témoignage.

 

Tout ceci pour dire que si l’homme descend du singe, c’est parce qu’un jour, il y a bien longtemps, le singe est descendu de l’arbre.

Evolution

Gaudius

PS: le titre est emprunté à un ouvrage de Robert Charroux.

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L’histoire vraie du Père Noel (conte)

Posté par leblogdegaudius le 22 décembre 2013

Cette histoire est vraie puisque je l’ai inventée (Boris VIAN)

Connaissez-vous l’histoire belle et véridique du Père Noël ? Tout le monde sait que le Père Noel, c’est Saint Nicolas, mais comment est-il passé de Saint Nicolas au Père Noel ?

On raconte qu’après sa mort, le bon Saint Nicolas arriva tout droit au Paradis et fut reçu, non pas par Saint Pierre, mais par le Christ en personne.

Ce fut une grande joie pour tous et après les retrouvailles, le Christ s’adressa à lui en ces termes :

 

-          Mon enfant, (il disait toujours « mon enfant » à ceux qu’il chérissait particulièrement), tu m’a bien servi sur cette terre et tu m’as bien représenté. A présent, tu as le droit de te reposer en mon sein, car tu l’as bien mérité.

 

Le bon Saint Nicolas en fut tout heureux, mais quelque chose vint troubler sa joie. Là-bas, sur cette Terre, il y avait encore tant de petits enfants malheureux et tant de choses à faire ! Il répondit au Christ :

 

-          Seigneur, assurément, ce serait une grande joie pour moi, mais je songe à mes petits que j’ai laissés là-bas, sur cette Terre. Qui va bien pouvoir s’en occuper, maintenant que je ne serai plus là pour les protéger ?

 

Le visage du Christ s’illumina d’un large sourire, car il n’en n’attendait pas moins de lui. Il lui dit donc :

 

-          En vérité, mon enfant, tu es bien digne de l’amour de notre Père, car ton cœur déborde de ce même amour pour tous. Voici donc ce que je te propose : tu continueras comme par le passé à protéger ces petits enfants que tu aimes tant. Je vais donc te donner un nouveau corps et une nouvelle demeure.

 

Et ainsi fut fait. Le bon Saint Nicolas se retrouva donc doté d’un corps régénéré et incorruptible. Il regardait avec admiration ses nouvelles mains qui continueraient de bénir et de faire le bien.

Le Christ s’adressa de nouveau à lui en ces termes :

 

-          Et bien mon enfant, maintenant que te voilà revêtu d’un nouveau corps, tu iras t’installer là-bas, dans ces pays où on ne me connait pas encore, à l’extrême septentrion.

 

Il désignait en fait l’endroit qui serait désigné plus tard comme le cercle polaire arctique. Saint Nicolas s’en étonna :

 

-          Mais Seigneur, te rends-tu compte de l’endroit où tu m’envoie ? Le soleil n’y brille pratiquement jamais ! Et le froid est éternel ! Je ne pourrais jamais tenir dans ces conditions ! Surtout si j’y vais tout nu !

 

Le Christ lui répondit :

 

-          Ne crains rien, pusillanime enfant, je te ferai un habit spécial. Je ne veux certes pas choquer ta pudeur, ni celle des autres ! Voici donc : je te ferai une tunique de feu, qui te protègera de ces grands froids.

 

Et ainsi fut fait. Le Christ alla cherche un étincelle de soleil, dans laquelle il confectionna tunique, braies, capuchon et même des souliers bien solides. Lorsqu’il tendit la tenue à Saint Nicolas, celui-ci hésita un moment. Le Christ s’en inquiéta :

 

-          Que se passe-t-il, mon enfant, cela ne te convient pas ?

-          Si fait, Seigneur, mais ne crains-tu pas que ce feu me consume entièrement ?

 

Dans un soupir, le Christ lui répondit :

 

-          Ne crains point, mon enfant, car ton corps est incorruptible et invulnérable. Mais pour te rassurer, je veux bien modifier un peu cette tenue.

 

Et aussitôt, il ajouta, tout autour de la vêture un peu de neige venue des sommets de l’Himalaya en liseré. Cette neige éternelle régulerait la chaleur que la tenue dégageait. Le bon Saint Nicolas revêtit donc son nouvel habit, qui lui seyait parfaitement, et qui était bien chaud et confortable.

 

-          Et à présent, mon enfant, te voilà paré et prêt. Je te commande donc, pour l’amour de moi, de parcourir la terre entière pour t’occuper des petits enfants du monde. Au moment où le monde sera plongé dans la nuit la plus longue, tu iras annoncer ma venue à tous, et particulièrement aux petits enfants et à ceux qui leur ressemblent. Tu puniras ceux qui auront été méchants avec mesure, mais tu récompenseras les bons sans mesure. Voici : je t’offre la verge de la rigueur et la besace de la miséricorde. Elle est sans fond et on peut y puiser à l’infini.

Et maintenant, mon enfant, va devant, et haut les cœurs !

 

Le bon Saint Nicolas hésitait un peu. Certes, sa mission était glorieuse, exaltante, mais un seul jour était-il suffisant ? Il s’en ouvrit au Christ :

 

-          Seigneur, assurément, ce sera une grande joie pour moi de continuer à faire connaître ton nom sur toute la surface de la Terre, mais tu ne me donne qu’un seul jour pour aller visiter tout le monde, alors qu’il me faudrait l’éternité.

 

Le Christ fronça un peu les sourcils car ces objections commençaient à l’agacer un peu. Il lui répondit donc, un peu sévèrement :

 

-          Homme de peu de foi ! Tu ne sais donc pas que tu as justement l’éternité devant toi ? Saches que tu as le pouvoir de transcender l’espace et le temps, et que ce pouvoir, tu peux l’accorder à ceux que tu auras choisi pour une seule journée ; cette même journée, justement, où la nuit semble triompher sur le jour. Allons, mon enfant, cesse de tergiverser, car la tâche qui t’attends est grande ! Vas en paix, et reçois ma bénédiction.

 

Et cela fut fait. Le Christ accorda sa bénédiction au bon Saint Nicolas avant de disparaître dans une grande nuée de lumière.

Et Saint Nicolas se retrouva seul, contemplant la terre. Voulant essayer ses nouvelles facultés, il émit le désir de se rendre dans un endroit précis du cercle polaire, là où il y avait une forêt sombre. Et aussitôt, il s’y retrouva. Un plan avait germé dans sa tête : il ne pourrait pas remplir sa mission tout seul et il lui faudrait de l’aide. Il décida d’accorder ses pouvoirs à ceux qu’il convertirait, afin qu’ils puissent l’aider dans sa tâche si exaltante.

Or, il se trouvait que cette forêt était le domaine des lutins. Parmi eux était leur roi, qui avait pour nom : Se, joka asuu luolassa lähellä metsää,  ce qui signifiait : « Celui qui habite dans la grotte près de la forêt ». Mais il préférait qu’on l’appelle « Nick », pour des raisons inconnues.

Le bon Saint Nicolas se rendit donc près de la demeure du roi des lutins, observé par des regards hostiles. Il frappa à la porte, entra et donna son salut de paix. Bien campé sur ses petites jambes, le roi des lutins arborait un air terrible, qui renforçait sa laideur habituelle.

 

-          Eh bien, étranger, tu n’as pas eu peur de venir céans, en mon royaume ? Assurément, tu dois être un personnage bien puissant pour que mes sujets t’aient laissé passer. Car saches que tout intrus est impitoyablement chassé, quand il n’est pas tout simplement tué. Qu’est ce qui t’amènes donc en ma présence ? Allons, parles, et vite !

 

Et le bon Saint Nicolas parla, parla et parla encore des heures durant du Christ, de sa vie, de son amour et de sa miséricorde, il lui parla de sa mission et de ses projets. Il parla si bien que le roi des lutins était prêt à se convertir. Après un long moment de réflexion, il lui parla en ces termes :

 

-          Je veux bien, mon bon Nicolas, me convertir moi et mon peuple,  à ce Christ dont tu me parles, mais pour cela, tu devras me prouver que tu es bien de Dieu, et non un imposteur. Je vais donc t’imposer une épreuve. Si tu réussis, mon peuple et moi-même nous mettrons au service du Christ et des petits enfants que tu aimes tant. Mais si tu échoue, tu seras impitoyablement tué.

 

Sans s’émouvoir le moins du monde, Saint Nicolas lui répondit :

 

-          Ô, roi des lutins, je suis prêt à tous les sacrifices. Et si j’échoue et que tu me tue, saches que je ne t’en voudrai pas et même, te bénirai par surcroît. En quoi consiste cette épreuve ?

 

Le roi des lutins prit un air grave et reprit :

-          Depuis des siècles et des années, un renne monstrueux ravage mon royaume. Ses yeux sont rouges, il crache du feu, ses bois sont de fer et le bruit de ses sabots sur le sol ébranle et détruit nos maisons. Son troupeau ravage nos terres et nos moissons. Si tu es bien de Dieu, alors tu pourras anéantir ces créatures de l’enfer. Dans le cas contraire…

-          Mènes-moi simplement à l’endroit où on peut le voir, et laisses-moi opérer.

 

Le roi des lutins, accompagnés de sa garde personnelle, le conduisit jusqu’à l’orée d’une clairière, puis sans prévenir, ils s’égaillèrent dans la forêt. Et le bon Saint Nicolas resta seul.

Il patienta quelques moments, attendit, quand soudain, derrière lui, dans les fourrés, il entendit un bruit. Il se retourna, et se retrouva face à face avec le renne maudit. Le roi des lutins disait vrai : ses yeux étaient rouges et ses bois luisaient sous la lune ronde.

Ravalant sa salive, et reculant de 3 pas, il parla au renne, le conjura de cesser ses méfaits et de se repentir, mais le renne était décidé à faire taire cet importun. Par 3 fois, il gratta le sol de son sabot, puis il s’élança sur le bon Saint Nicolas, les bois en avant, bien décidé à éventrer le saint. Nicolas évita de justesse les bois mortels, observé par tout le troupeau, se redressa, parvint à éviter une autre attaque, feinta, puis, rassemblant ses forces, saisit le renne par les bois et stoppa son avancée. Las ! Le renne était beaucoup trop fort et, secouant la tête pour envoyer le bon saint au loin, il le traîna sur une bonne distance, tout en essayant de le fouler de ses sabots. Toujours agrippé aux bois du renne, Saint Nicolas se jeta de côté, et d’un bond, il parvint à enfourcher la bête terrible et à le chevaucher.

 

Injure suprême ! La fureur du renne ne connut plus de bornes et il essaya de le désarçonner, de le renverser, mais le bon saint tenait bon. Toujours agrippé fermement, il adressa une bonne prière au ciel, se remettant aux bons soins des anges et du Christ en personne. Et, peu à peu, le monstre se calma, ses mouvements se firent moins violents et quand le bon Saint Nicolas le bénit, le renne arrêta ses mouvements désordonnés et se soumit.  Et c’est depuis ce temps qu’on dit de ceux qui ont triomphé des forces du mal qu’ils ont « chevauché le renne ».

Saint Nicolas sauta alors à bas et regarda le renne, qui semblait tout changé.  Ses bois étaient redevenus de simples bois, et ses yeux semblaient plus doux. Et le troupeau avait changé aussi. Les bêtes ne semblaient plus du tout farouches et broutaient maintenant tranquillement.

Caché dans les fourrés, le roi des lutins avait assisté à toute la scène et s’en trouvait tout esbaudi. Il osa sortir de sa cachette et s’avança prudemment vers le renne, le toucha, attendant une réaction de défense, mais le renne ne broncha pas.

 

-          Assurément, dit le roi des lutins, tu es bien de Dieu et ce miracle l’atteste. De par ma parole, mon peuple et moi-même te sommes à jamais redevables et nous nous mettons à ton service et à celui du Christ.

 

Tout heureux d’avoir triomphé du mal et d’avoir amené de nouveaux agents du bien au Christ, le bon Saint Nicolas proposa au roi des lutins de l’accompagner jusqu’au village des lutins. Il enfourcha le renne, à présent docile, fit monter le roi des lutins avec lui, et, accompagnés par le troupeau, il fit une entrée triomphale dans le village, sous les acclamations du petit peuple.

Saint Nicolas ne tarda pas à baptiser les lutins et à mettre en place son projet. Accordant aux lutins quelques-uns de ses pouvoirs, il leur ordonna de fabriquer des jouets pour les enfants sages. Répugnant au rôle de punisseur, il délégua cette tâche au roi des lutins, qui fut donc surnommé plus tard le « Roi Fouettard », puis le « Père Fouettard ».

 Quant à Saint Nicolas, quand on lui demanda comment il faudrait le nommer, il n’en eut aucune idée. Un lutin savant expliqua que comme il représentait le Christ, qui était aussi nommé « Soleil de Justice », on pourrait l’appeler « Nouveau Soleil », ou « Néo Hélios », dans sa langue maternelle.

Un enfant trouva le nom trop compliqué à prononcer et le raccourcit en « Noélios », puis en « Noël ».  C’est ainsi que Saint Nicolas devint vite le « Père Noël ».

 

Et maintenant, un secret : les enfants sages, qui sont devenus des adultes sages, reçoivent aussi, à leur tour, pour un jour, le pouvoir d’aider le Père Noel et peuvent, pour un jour, transcender le temps et l’espace.

Comment font-ils pour se rendre dans toutes les maisons ? Non ils ne passent pas par la cheminée, mais ils passent tout simplement à travers les portes.

Gaudius

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Gaudius

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La queste de Sire Olivier de Saint-Omer – 6ème et dernière partie

Posté par leblogdegaudius le 13 juillet 2013

Arrivés à la basilique, Sire Olivier nous réunit autour de lui et nous déclara gravement:

- Mes amis; c’est la première fois que je vous appelle ainsi, car vous m’avez vraiment aidé contre vents et marées, à triompher de tous les périls. Cette journée qui s’annonce sera avant tout la vôtre.

Je voulais que vous le sachiez; après cette cérémonie, j’aurai le droit d’armer chevalier tous ceux qui auront bien combattu, dans l’honneur, le courage et la dignité. Et c’est vous, fidèles entre les fidèles, qui serez mes pareils, pour continuer dans notre recherche commune, si tel est votre désir.

Le brave Dominique répondit pour nous:

- Sire Olivier, c’est plus que chacun peut espérer. C’est grande surprise et grand honneur qui nous échoit là. Redoutable, même. Aussi, vous demandons-nous une faveur. C’est la première en tout ce temps que nous avons été avec vous et vous ne pouvez nous la refuser.

- Parle, mon bon.

- Laissez-nous faire oraison avec vous. Nous voulons remercier le ciel de nous avoir épargnés de terribles dangers et de nous avoir donné un seigneur que nous avons plaisir à servir.

- Mes amis, j’allais vous demander la même faveur: prier avec moi. C’est une grande joie pour mon cœur d’avoir des amis tels que vous. Des frères, même. C’est ce que nous serons demain. Il n’y aura désormais plus de distance entre nous.

L’assemblée acclama Sire Olivier; « Noël au noble Sire Olivier! Noël! Noël!  » Soudain, une petite voix s’éleva du milieu de notre groupe.

- Moi aussi je veux devenir chevalier!

C’est un enfant qui avait parlé; une petite fille qui avait l’air admirative. Sire Olivier se pencha vers elle et lui sourit:

- Jeune dame, cela ne se peut. Le noble métier de chevalerie est réservé aux hommes. Mais peut-être serez-vous un jour compagne ou mère d’un chevalier? Votre tâche sera tout aussi exaltante, car c’est vous qui l’inspirerez et participerez à sa formation.

- Et vous, comment avez-vous fait?

- Mon père, le Sire de Saint-Omer, m’a donné très tôt le goût de la chevalerie. Ma noble mère m’a enseigné aussi tout ce qu’un bon fils doit savoir, et mes maître et devanciers m’ont initié au métier des armes. J’ai du prouver ma valeur et j’ai dû affronter mille épreuves qui m’ont forgé le caractère.

J’ai affronté le mal sous toutes ses formes, combattu bien des méchants et grâce à cela, le bon roi Régis m’honore de sa confiance et de son estime. Un grand chevalier se doit d’acquérir toutes les vertus s’il veut être respecté…

Le chevalier s’arrêta net et prit conscience qu’il était en train de se vanter.

- Mon dieu, que suis-je en train de faire?, disait-il, enfouissant son visage entre ses mains. Je me glorifie moi même et je déshonore la chevalerie toute entière… Je trahis mes engagements et de plus, je suis en train de tromper cet enfant innocent… Je ne suis pas digne de porter les armes… Je suis indigne de la confiance de ma Dame et de notre bon roi… Je ne suis rien… Je ne suis plus rien… Je me suis gonflé de moi-même… Puisse le ciel me pardonner mon fol orgueil.

Le chevalier courba la tête et s’effondra sur lui même.

Ah, enfant! Devais-tu être l’ultime obstacle que devait franchir notre bon et vaillant seigneur? Fus-tu un ange envoyé du ciel pour l’éprouver, comme on éprouve l’or?

Pendant que notre bon maître gisait ainsi, l’âme tourmentée et le cœur labouré, l’enfant posa sa main sur son épaule. Et la paix descendit dans son être torturé. Et l’enfant lui dit :

- Allons, relève-toi, bachelier .Tu a pris la mesure de ta propre vanité et tu connais à présent la vraie valeur de l’humilité.

Elle lui tendit un poignard.

- Prends cette miséricorde. Qu’elle te rappelle que tu ne dois te fier qu’à Dieu si tu veux vraiment œuvrer pour le bien de tous. A présent, suis-moi.

Guidés par l’enfant, Sire Olivier et nous-mêmes, ses compagnons fûmes conduits devant le roi Régis, qui attendait dans un recoin. Il nous accueillit avec un grand sourire.

- Je vois, Sire Olivier, que tu as franchi la dernière épreuve. Jamais la princesse Gaëlle ne t’aurait conduit ici si elle ne s’en portait garante par sa présence céans. En vérité, tu es l’image vivante du vrai et pur chevalier. Par ton exemple, tu seras l’inspirateur de beaucoup. Et l’offre généreuse que tu as faite à tes compagnons de devenir tes égaux me pousse à te demander une faveur.

- A moi, Sire? Qui suis-je pour accorder une faveur à celui de qui vient toute faveur?

- Il se trouve, beau chevalier, que je suis moi-même serviteur d’une cause qui nous dépasse tous. C’est une tâche qui demande beaucoup d’efforts et de sacrifices. Il s’agit de tout faire pour que les hommes, nos frères, puissent enfin connaître la Paix Profonde et s’unir à Dieu. Voilà le Grand Œuvre dont tant on a parlé.

Cette tâche, je ne puis l’accomplir seul. Aussi, je te demande si tu veux bien travailler à mes côtés, silencieux et inconnu, au bonheur de ton prochain, sous le signe de la Rose et de la Croix?

Notre sire répondit avec enthousiasme:

- Majesté, oui, mille fois oui!

Le roi lui remit alors une Rose-Croix, ainsi qu’un bouclier.

- Alors, Frère Olivier, reçois ce nouvel emblème sous lequel tu travailleras désormais. Et que ce bouclier soit pour toi le rappel constant de la protection dont tu entoureras les faibles et les démunis.

Et vous, ses fidèles compagnons, acceptez-vous de l’aider encore et toujours dans la grande tâche qui l’attend? Acceptez-vous d’œuvrer avec mes compagnons et moi-même, sans craindre déceptions et trahisons?

Tout le monde accepta. Ce fut encore Dominique qui prit la parole:

- Sire, lorsque nous avons décidé se servir notre noble seigneur, Sire Olivier, jamais nous n’aurions pensé que notre périple nous amènerait à de si grandes choses. Ce que nous avons donné n’est rien en comparaison de ce que nous avons reçu. Et voilà que de nouvelles faveurs pleuvent sur nous. Nous serions bien ingrats si nous nous arrêtions là.

A présent, nous savons tous que quel que soit l’endroit où nous serons, les moyens ne nous manqueront jamais de faire œuvres bonnes et utiles. Peut-être, nous ne deviendrons pas tous chevaliers, mais tous, aurons à cœur de servir notre roi et notre Seigneur de notre mieux.

- Je vous en remercie tous. Allons de ce pas offrir une action de grâce au bon Saint Rémi. Après quoi, nous nous réunirons en chapitre et ferons grand banquet pour fêter notre nouvelle alliance. D’ici là, que notre Seigneur Jésus-Christ vous ait en sa sainte garde et qu’il vous accorde tous les bienfaits du ciel. Amen.

Le roi, la princesse, Sire Olivier et tous les compagnons rentrèrent enfin dans la basilique et rendirent grâce. Puis nous laissâmes notre cher seigneur seul, comme le veut l’usage.

Le lendemain, il y eut grande messe, et ce fut notre bon roi lui-même qui l’arma chevalier et qui lui remit des armes toutes neuves, fabriquées toutes exprès dans les forges royales, et du plus bel aloi.

Après quoi il y eut de grandes réjouissances et de grands tournois.

Puis ce fut notre première réunion de chapitre, où nous prîmes connaissance des vœux de notre souverain et de la nouvelle mission qui nous serait impartie. Quelques uns d’entre nous devraient repartir sur les routes du royaume et aller là où on aurait le plus besoin de nous. Avant le départ, notre bon roi fit venir tout exprès un troubadour, qui était de notre Ordre, et qui nous livra un de ses plus beaux chants.

Vous révéler le nom de notre Ordre et notre mission précise, cher lecteur, je ne le puis. Qu’il vous soit permis toutefois de méditer sur ce beau texte que vous trouverez ci-après. Puisse-t-il vous inspirer et vous donner envie de vous mettre, vous aussi, en quête de la Rose des Sages.

La queste de Sire Olivier de Saint-Omer - 6ème et dernière partie dans Les histoires de Gaudius scan00011-166x300misericorde1 bouclier dans Les histoires de Gaudius

Pendant ce temps, dans l’espace, Dark Kador punissait un officier pour sa maladresse: ayant besoin d’échantillons biologiques, celui-ci avait téléporté plusieurs échantillons avec succès mais lorsqu’il en était arrivé à l’espèce humaine, il n’avait réussi qu’à téléporter une sorte d’armure, comme ils en portaient, mais de facture primitive. Dark Kador avait dû s’en débarrasser en vitesse avant de prendre la fuite car le vaisseau du Professeur Mars-El s’approchait dangereusement de lui

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La queste de Sire Olivier de Saint-Omer – 5ème partie

Posté par leblogdegaudius le 4 juin 2013

Il était vrai que toutes ces aventures nous avaient donné grand-faim. Nous parvînmes à sortir de cette forêt maudite et finirent par trouver une auberge bien coquette. Au dehors, un brave homme semblait nous attendre. En fait, il était en train de couper du bois. Quand il nous vit arriver en pareil arroi, il se frotta les mains et nous accueillit fort civilement.

- Soyez les bienvenus dans mon auberge, nobles voyageurs! Installez-vous confortablement. Qu’y-a-t-il pour votre service, Messeigneurs?

- Sers-nous de tes meilleurs crus et régales-nous de ta meilleure cuisine, l’homme!

- Certes, nobles seigneurs et gentes dames, certes! Mais mes fourneaux sont éteints. J’ai par contre d’excellentes pâtisseries qui n’attendent que vous. Qu’en dites-vous?

- Fais-les venir que nous les tastions un peu. Et aussi de quoi les faire passer.

Le brave aubergiste fit diligence et nous fit apporter aussitôt gaufres, pâtisseries et oublies ainsi que moult pichets de vin clairet délicatement parfumés

Ce furent petites, mais bonnes ripailles, et nous entonnâmes des chants de circonstances, comme « Margoton va-t-a-confesse », « Jehan-Grand-Gosier », ou « M’en revenant de Rome ».

Pendant que nous festoyions, l’aubergiste alla trouver Sire Olivier:

- Noble seigneur, dit-il, j’ai là une lettre de change pour une selle de cheval et ses armes. Comme je n’en aurai guère l’utilité, j’ai pensé qu’elle vous ferait bon usage. Je puis vous les céder pour un prix modique.

Sire Olivier tendit alors une bourse à l’aubergiste.

- Cela suffit-il pour payer le repas et les armes?

- C’est même beaucoup trop, monseigneur!

- Allons, garde tout, brave homme. Et continue de nous faire d’aussi succulentes pâtisseries.

Une heureuse surprise nous attendait. Un chevaucheur du roi entra dans l’auberge, s’enquit de nous et nous fit assavoir que le bon roi Régis le Débonnaire avait entendu parler de nos exploits et nous mandait toutes affaires cessantes en son château, où il nous offrait le gîte et le couvert.

Vraiment, la Divine Providence veillait sur nous et, prenant congé du brave aubergiste, nous repartîmes sans plus tarder vers notre glorieuse destinée, tout en rendant grâces au ciel, à Madame Marie, à notre Seigneur Jésus-Christ et à tous les saints du paradis.

Dans les mois qui suivirent, Sire Olivier se mit au service de notre bon roi. Il était chargé officiellement de l’entraînement des gardes royaux, avec grade de capitaine. Or, notre bon roi avait grand-souci: le trésor royal était bientôt vide et on conspirait contre lui. De tous ses conseillers, notre bon roi ignorait qui était félon, et qui lui restait fidèle.

Notre Sire Olivier avait bien sa petite idée, mais il n’en laissait rien paraître et faisait mine de tout ignorer. Il attendait que les traîtres se dévoilent à lui.

Nous, ses serviteurs, tâchions de notre côté d’en savoir davantage afin de l’aider à châtier les conspirateurs. Nous parvînmes si bien à endormir leur méfiance que bientôt, nous réussîmes à rassembler toutes les preuves nécessaires.

Un beau soir, Sire Olivier reçut un message secret, lui enjoignant de se trouver à trois lieues du palais, en un lieu désert. Comme nous savions qui était du complot, il nous fut aisé d’en informer Sire Olivier qui prit toutes les dispositions nécessaires. Il chargea six d’entre nous de se poster à des endroits-clés, d’où il serait possible de tomber en embuscade.

Et au jour et à l’heure dite, Sire Olivier alla à son rendez-vous. Là, il fut abordé par cinq hommes masqués. C’étaient les propres conseillers du roi, le trésorier et le sénéchal.

- Vous vouliez donc me parler en lieu sûr, nobles sires?, leur demanda-t-il innocemment. Nous y voici. Le lieu est désert et nulle oreille indiscrète n’est là pour nous déranger. Exposez-moi ce qui vous amène céans. Parlez sans détour et faites-moi confiance comme je vous fais confiance.

Un des conseillers regarda autour de lui, s’assura qu’ils étaient tous bien seuls et lui parla enfin.

- Noble seigneur, depuis que vous êtes arrivé dans notre royaume, vous avez accompli exploit sur exploit et votre renommée commence à s’étendre par delà les terres et les mers, Mais nous voulons nous assurer que vous êtes bien celui que vous prétendez être,

Je vais parler sans détour. Quel est votre sentiment pour notre bon roi Régis?

Sire Olivier les réunit autour de lui.

- Mes amis, moi aussi je serai sans détour. J’ai le plus grand respect pour notre bon sire Régis, mais..,

- Mais?

- Mais je suis de moins en moins sûr qu’il est celui qu’il nous faut. Trop de palabres, trop de conseils, pas assez d’action. Il règne, mais ne gouverne pas. Je crains que le royaume ne finisse par tomber, si..,

Les conseillers se regardèrent, heureusement surpris. L’un d’entre eux reprit:

- C’est tout juste notre sentiment. Le roi met son royaume en grand péril et nous, ses conseillers et pairs, en sommes grandement marris. Nous avons discuté en conseil étroit et nous avons dû prendre une pénible décision: il faut déposer le roi actuel et en choisir un autre qui soit plus digne de ceindre la couronne. Et c’est vers vous que s’est porté notre choix, car en vérité, vous êtes le plus digne de lui succéder et de refaire ce royaume qui tant en a besoin.

- Mes amis, répondit Sire Olivier, toujours aussi benoît comme chat en sa litière, je vous remercie pour cette marque de confiance et d’estime, et j’espère être digne de vos vœux et de la grande tâche qui m’attend. Mais vous n’ignorez pas qu’il nous faut des subsides. Rien ne peut se faire sans réserve d’or et de monnaie.

- Noble sire, nous avons tout prévu et avons commencé à mettre le trésor royal en sûreté. Aussi, les fonds ne vous feront pas défaut,

- Alors agissons sans tarder. A l’heure qu’il est, le roi est dans sa chambre. Nous le déposerons et tiendrons conseil. Et puisque vous m’accordez votre soutien, je vous fais mes premiers conseillers. Etes-vous suffisamment résolus?

- Nous avons trop attendu, Monseigneur, et brûlons d’impatience.

- Alors, en avant, mes amis, Et que Dieu bénisse notre sainte œuvre.

 

Les conseillers félons partirent les premiers, suivis de loin par Sire Olivier. Arrivés au carrefour de la Croix-de-Pierre, quelqu’un cria: « Maintenant! »

Aussitôt, les six braves se débusquèrent et désarmèrent promptement les traîtres, Sire Olivier les rejoint et dégaina son épée:

- Ah félons!, s’exclama-t-il. Vous voilà enfin démasqués! Voilà des lustres que j’attends ce moment! Dans votre fol orgueil, vous avez oublié que le serment du chevalier le lie à son suzerain, que celui-ci soit bon ou mauvais. Vous oubliez aussi qu’un chevalier a juré de faire triompher la justice. Aussi, vous allez payer votre traîtrise.

Il ordonna à ses compagnons:

- Allons, menez-les devant la justice du Roi.

Les mauvais conseillers furent amenés devant le bon roi Régis, tout ligotés et incapables de bouger. Sire Olivier prit la parole.

- Votre Majesté, voici devant vous ceux qui conspiraient contre votre personne. Ce sont eux qui détournaient le trésor royal et qui s’apprêtaient à vous détrôner.

Le roi se tourna vers eux et les questionna:

- Est-ce vrai? Aviez-vous vraiment juré ma perte, moi qui vous ai comblé de bienfaits? Allons, répondez!

Personne ne répondait. Dans la foule fusaient les « A mort ! », les « Hou ! » et les « Châtiez les traîtres! »

Le roi reprit :

- Votre silence vous accuse. C’est bien, vous aurez à répondre devant ma justice. Qu’on les emmène!

Les félons furent emmenés tandis que fusaient les clameurs et les applaudissements. Le roi se leva et s’adressa à tous ses sujets:

- Mes bons et loyaux sujets, une fois de plus, ce droit et noble bachelier a prouvé sa valeur et combattu le mal qui se cachait au sein de notre palais même. Acclamons-le comme il se doit ! Longue vie au Sire Olivier de Saint-Orner! Longue vie!

L’assistance répéta « Longue vie ! »

Après que les clameurs se furent apaisées, le roi reprit:

-Une fois de plus, le ciel veille sur nous et ne nous abandonne point. Allons de ce pas faire procession et remercier le bon Sain Lié et tous les saints du Paradis. Après quoi, nous organiserons grande fête pour notre champion de toujours

Précédé des bons moines de l’abbaye, tout le monde alla remercier le bon Saint Lié en sa chapelle. Puis le bon souverain fit distribuer en ville piécettes et bon pain pour les pauvres. Il fit venir jongleurs et ménestrels et organisa en l’honneur de notre bon seigneur une petite fête en son château.

Après les ripailles, le souverain s’adressa à Sire Olivier en ces termes:

-Sire Olivier de Saint-Orner, votre loyauté et votre obéissance doivent être bien récompensées. Vous recevrez pour votre monture une gorgière, un frein et des rênes, forgés toutes exprès dans nos ateliers. De plus, il n’est plus temps de différer votre adoubement. Il aura lieu demain. Pour l’heure, vous voudrez bien faire oraison en notre basilique de Saint-Rémi.

Et vous, ses fidèles et loyaux compagnons, qui tant bien m’avez servi, il y aura grandes récompenses et grande liesse pour vous aussi. Ainsi devons-nous récompenser tous ceux qui œuvrent pour le bien de tous. Dieu vous bénisse tous!

Tous nous acclamâmes le roi: « Noël à notre bon roi Régis! Noël à notre bon roi Régis! »

Puis après nous être concertés, nous décidâmes tous d’accompagner notre sire à la basilique St Rémi.

La queste de Sire Olivier de Saint-Omer - 5ème partie dans Les histoires de Gaudius clovis01-213x300

Pendant ce temps là, sur la planète Kree-Peton:

Le professeur Mars-El était furieux. Son grand rival, le docteur Zo-Zotan, avait remporté la partie. Avec des arguments fallacieux, il s’était servi des découvertes du Professeur Mars-El pour avancer une théorie improbable, l’évolution, alors que tout le monde savait bien que c’était le Grand Féné-An, maître de toutes choses, qui avait créé toutes les formes de vies qu’on connaissait actuellement et que les fossiles qu’on trouvait ici et là n’étaient au mieux que des espèces disparues, qui n’avaient pas trouvé grâce aux yeux du Créateur, au pire des faux grossiers fabriqués pour la cause. Malheureusement, l’Académie Planétaire des Sciences Kree-Petoniennes lui avaient donné tort. Dépité, le professeur Mars-El songeait à s’exiler sur une petite planète bleue qu’il avait repéré dans le 5ème rayon d’un lointaine galaxie, et il rassemblait tous les matériaux pour se construire, en secret, un vaisseau inter-galactique qui le mènerait à cette terre vierge. Il ne disposait que d’un marteau et des clous, mais il avait pour lui, dans sa propriété, un énorme gisement de cristaux de toutes sortes dont les applications pratiques  étaient prometteuses et qu’il se proposait d’exploiter dans le plus grand secret, car il fallait rester prudent. En effet, un certain Dark Kador  était à la recherche d’autres planètes à soumettre à son empire maléfique; aussi, fallait-il rester prudent.

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La queste de Sire Olivier de Saint-Omer – 4ème partie

Posté par leblogdegaudius le 4 mai 2013

Mais nos épreuves n’étaient pas terminées, loin de là. Jusqu’à présent, il avait suffit de braver des obstacles qui mettaient le corps en jeu.

Or, le combat qui s’annonçait maintenant était encore plus redoutable que l’autre, puisqu’il s’agissait d’un combat de l’esprit. Notre noble seigneur avait entendu parler d’un terrible sorcier qui vivait au cœur d’une étrange forêt. Il était très puissant et pouvait foudroyer d’un seul regard. Le pacte qu’il avait passé avec le Démon le rendait invincible. Nul, jusqu’à présent n’avait osé l’affronter et seul notre cher Sire Olivier avait décidé d’en finir.

Aussi, avait-il besoin plus que jamais de notre secours, car les forces démoniaques étaient encore plus redoutables que les plus redoutables brigands, comme Philippe le Terrible.

Après nous être recueillis un instant, nous allâmes rejoindre Sire Olivier, qui avait de même fait oraison, un peu à l’écart.

- Chers et loyaux amis, nous dit-il, l’épreuve qui vient s’annonce rude. Jusqu’à présent, vous n’avez pas encore failli et si Dieu veut bien nous prêter vie, c’est ensemble que nous vaincrons; et c’est ensemble que nous atteindrons le but.

Cependant, si l’un de vous doit renoncer, qu’il sache dès à présent qu’il ne lui sera pas tenu rigueur et qu’il aura droit à notre gratitude éternelle. En est-il qui désirent abandonner?

Personne ne répondit. Et qui ne dit mot, c’est qu’il consentait. Notre Sire Olivier en fut ravi et reprit ainsi:

- Soyez tous remerciés de votre indéfectible soutien. A présent, sus au sorcier!

Nous nous enfonçâmes dans la forêt, à la recherche de ce maudit magicien noir. Le décor était fantastique, et au fur et à mesure que nous marchions, les arbres devenaient de plus en plus tordus et rabougris, comme si un mauvais sort leur avait été jeté.

Assurément, c’était là le domaine de Satan, et il fallait bien du courage pour oser l’affronter sans le viatique de la prière. Mais le Seigneur était avec nous et nous serions vainqueurs!

Nous nous retrouvâmes comme par enchantement dans une petite clairière, devant une petite cabane où sortait de la fumée. Assis sous un hêtre tout tordu, une lance dans la main, un être tout aussi chétif et rabougri nous attendait.

Il était vêtu simplement, tout en noir. Avec son crâne dégarni et ses cheveux qui pendaient sur les côtés, il faisait penser à un charognard. Ajoutons à cela qu’il avait le nez proéminent, le menton en avant et que son regard brillait comme escarboucles.

En nous voyant arriver, il se leva et nous salua fort courtoisement.

- Mes nobles seigneurs et gentes dames, soyez les bienvenus dans mon humble domaine. Les visiteurs sont si rares! Grand honneur me faites, mes seigneurs, grand honneur me faites, et vous nobles dames!

Mais je vous en prie, avancez! J’attendais votre venue. Mieux, je l’espérais.

S’adressant à Sire Olivier:

- Voilà donc le très haut, très noble et très vaillant Sire Olivier de Saint-Omer. J’ai suivi tous vos exploits, noble bachelier.

- Comment cela, l’homme?

- Oui, beau Sire. Avec les yeux de l’esprit. Grands exploits avez accompli, en vérité. Dignes d’un grand chevalier. Vous avez su triompher de tous les obstacles et prouver votre valeur. Fort bien, fort bien. Vous êtes bien digne de votre rang.

- Que signifie tout cela?

Il montrait les arbres tordus.

- Ces arbres? Oh, simple caprice de jeunesse. Ils ont obéi à ma seule volonté. Grâce à ma science, j’ai pu me rendre maître des forces d’en bas. La nature n’a plus aucun secret pour moi et j’ai pu atteindre la plus haute connaissance qui soit. Et depuis, j’ai cherché partout un disciple qui soit digne de la recevoir à son tour.

C’est pourquoi, quand j’ai senti votre présence, j’ai su que vous parviendriez jusqu’à moi. Il me suffisait de vous attendre.

- Sorcellerie! Blasphémateur! Suppôt de Satan!

- Oh, noble seigneur, ne croyez pas cela. De méchantes gens vous auront abusés. Les médiocres ne peuvent que salir ce qui les dépasse.

Je sais que votre route ne s’arrêtera pas ici, et je connais le but de votre quête. Mais vous aurez besoin de tous les atouts pour triompher. Il vous faudra commander à la nature pour commander aux autres, et pour être leur providence. Qu’est-ce qu’un seigneur, s’il ne peut assurer aide et protection à ses sujets?

Vous devrez être au dessus du bien et du mal si vous voulez juger sagement. Mais pour cela, vous avez besoin de la connaissance que moi seul consens à vous offrir, puisque tant vous la méritez. Elle demandera de nombreux sacrifices et de nombreux efforts, car il faudra payer le prix. Mais c’est la seule voie si vous désirez vous élever encore.

Sire Olivier était fort troublé et se mit à réfléchir:

- Maîtriser les forces inférieures … Du pain pour les pauvres… La justice pour tous… Me serais-je trompé?

Je croyais trouver un être maléfique et me voilà face à un ermite… Par tous les saints du Paradis, le bonhomme n’est pas commun… Il est presque plaisant, même… Qui sait quelle sagesse il a acquise et par quelles macérations il est passé…

Son regard se perdait dans le vague. Pendant ce temps, le sorcier se rapprochait tout doucement de lui, et semblait le charmer insensiblement. Et nous, ses fidèles compagnons, sentions petit à petit les pensées nous fuir, puis les sensations. Seul un délicieux engourdissement nous saisissait chacun notre tour.

- En vérité, noble sire, reprit-il, c’est la Divine Providence qui vous a envoyé devers moi pour que j’achève votre formation. Obéissons donc à sa volonté, vous et moi. Ne repoussons pas notre destinée. Vous êtes promis à de hautes choses. Ma plus grande gloire aura été de vous aider à vous y préparer, et vous, à y parvenir.

Sire Olivier ne bougeait plus et son regard était vague. Le triomphe du sorcier était total, et nous, nous ne pouvions plus rien faire. Il s’adressa à nous en ces termes:

- Et vous, braves compagnons qui avez si bien soutenu Sire Olivier, vous aurez sa destinée en partage. Tout ce qui sera sien sera également vôtre. Et quand il atteindra aux plus hautes récompenses, vous serez là. Et quand on chantera ses hauts faits, pourrez-vous dire également:  »j’étais là ! »

Plus rien ne bougeait. Ah, ce regard pénétrant et envoûtant et cette voix de miel et de velours! Etait-il possible d’échouer aussi lamentablement? J’essayais de bouger et mon regard se posa par hasard sur le sol. Le mauvais avait profité de notre inattention pour tracer des signes magiques, plus efficaces que des lacs, et qui nous empêchaient de nous mouvoir.

Dans peu de temps, le sorcier nous aurait à sa merci. Allait-il faire de nous les esclaves du démon, nous faire rôtir, nous faire bouillir ou tout simplement nous tuer?

Non, il n’était pas possible que cela finisse ainsi, non, non, NON!

Je ne me rendis pas compte que j’avais crié. Mais cela brisa d’un seul coup le charme et réveilla notre cher seigneur, qui était furieux.

- Ah, méchant sorcier! , rugissait-il .Tu voulais me tordre l’âme tout comme tu as tordu ces arbres! Fourbe! Sans mes braves compagnons, j’étais à ta merci et me laissais pétrir comme cire molle! Tu as oublié que notre Seigneur Jésus-Christ est avec moi et me protège de sa grâce. Ton pouvoir maléfique ne peut plus rien contre moi et ta magie est définitivement brisée. Aussi, prépare-toi à mourir!

- Tu te trompes, noble bachelier, je ne désirais que ton bien et t’aider en tout.

- Il suffit! Tu vas payer pour tous tes crimes!

Sire Olivier dégaina aussitôt son épée. Le sorcier prit peur, lâcha sa lance et s’enfuit en hurlant avant qu’on ait pu le rattraper.

Sire Olivier ramassa alors la lance, s’empara d’une cotte de maille qui était suspendue et les confia à un compagnon. Le brave Dominique intervint:

- Pourquoi ne pas l’avoir poursuivi, Monseigneur? C’était chose aisée, à présent que vous avez détruit sa magie.

- C’est pourquoi cela n’était plus nécessaire. Il ne peut plus rien contre personne, à présent. Nous avons triomphé du mal et cela doit nous suffire. Pour le moment, nous devons continuer notre chemin.

- Où irons-nous, Monseigneur?

- Dans une auberge. J’ai grand-faim.

La queste de Sire Olivier de Saint-Omer - 4ème partie dans Les histoires de Gaudius cotte_de_maille_am180-289x3003022116962_1_5_0hllruyh Bien dans Les histoires de Gaudius

Pendant ce temps-là, le Professeur Mars-El faisait des recherches sur une lointaine planète, à la recherche de traces d’humanoïdes. Il avait trouvé, non loin de grottes, des squelettes d’un petit rongeur dont les images ornaient les les murs des grottes, en compagnie d’animaux beaucoup plus imposants, dont les canines dépassaient de la bouche. On avait là la preuve indiscutable d’un culte rendu aux forces de la nature et le Professeur Mars-El avait bien l’intention d’en faire la disputation avec son grand rival, le Docteur Zo-Zot-An.

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La queste de Sire Olivier de Saint-Omer – 3ème partie

Posté par leblogdegaudius le 6 avril 2013

Or, le lion en question regardait vers la prochaine ruelle, sombre, tortueuse, inquiétante, telle la Cour des Miracles de Paris. En tournant et retournant, elle aboutissait à des souterrains si nombreux et si profonds qu’une armée entière pourrait s’y abriter des années durant sans qu’on puisse la retrouver.

C’est là que se terrait Philippe le Terrible, chef de tous les brigands de la région, et qui en avait fait son fief. La légende veut qu’il ait été chevalier et qu’il ait forfait à l’honneur. Banni par le roi, il s’était réfugié dans ce coupe-gorge d’où il faisait régner depuis la terreur. Même les sergents du roi le craignent et n’osaient investir ses quartiers, plus sûrs que la forteresse la mieux défendue. Avant de s’engager dans ce dédale, Sire Olivier se tourna vers nous:

- Mes amis, un rude combat nous attend. Celui qui vit dans cette tanière est bien l’être le plus féroce et le plus malfaisant que cette terre aie jamais portée. Je crains quelque fourberie du félon, aussi, je vous prie de veiller avec moi à la régularité du combat que nous ne manquerons pas de mener. Et si jamais je devais perdre la vie, promettez-moi de continuer ce que je n’aurai pas pu réaliser.

Dominique, son serviteur prit la parole:

- Monseigneur, en vérité, je crois que tous ici veilleront à leur devoir et ne vous failliront point. S’il le faut, nous occirons le traître si jamais il s’avisait de quelque fourberie à votre égard.

- Grand merci, amis chers et fidèles. fit notre cher et valeureux seigneur. A présent, avançons, mais restons sur nos gardes, car le scélérat nous guette sûrement.

 

Nous suivîmes Sire Olivier dans la ruelle d’Enfer, la bien nommée, craignant qu’à chaque détour, une armée de brigands redoutables nous assaille par surprise sans que nous puissions riposter. S’engager dans ce boyau avait été une lourde erreur, et je faillis le dire à notre sire quand nous aboutîmes à une place dégagée. Là, quelqu’un nous attendait. C’était Philippe le Terrible, ce maudit, bien décidé à nous faire mauvais sort.

- Et bien, mes nobles seigneurs! Je vous trouve bien hardis d’oser vous promener sur mes terres sans m’en avoir demandé la permission. Vous mériteriez le gibet pour un tel affront!

Sire Olivier intervint:

- Il suffit, mauvais chevalier! Nous savons comment vous avez acquis vos biens: par traîtrise et félonie. Vous déshonorez la chevalerie et vous devrez être puni!

- Ces terres, enfant, je les ai conquises de haute lutte et en combat loyal. Elles sont miennes de par le droit du plus fort et de la volonté de Dieu. Nul ne me les contestera sans périr.

- Je suis prêt à mourir pour que justice soit rendue.

- Voyez-vous ce drôle! Il veut tâter de mon épée! Je te ferai voler la tête avant que tu aie pu faire un seul geste. Alors, renonce, pendant qu’il en est encore temps. Et ne crois pas que j’épargnerai tes compagnons. Je ne crains rien ni personne!

- Laisse mes amis en dehors de notre querelle et bats-toi, lâche!

- Un combat singulier? Soit! Je relève le défi. Mais pas ici. A trois lieues d’ici se trouve un endroit dégagé où nul ne nous dérangera. Mais il faut que tes compagnons s’engagent à ne rien tenter, quoiqu’il arrive.

Il se tourna vers nous et nous ordonna:

- Jurez!

Sire Olivier nous regarda et acquiesça. Il nous fallut donc tous jurer.

- Bien, reprit le brigand, j’ai votre parole. Faisons diligence, car je veux rentrer pour souper. Chez moi, bien sûr. Toi, beau bachelier, tu souperas ce soir chez messire Belzébuth.

Le félon enfourcha une monture qu’une de ses âmes damnées lui amena puis partit prestement vers la forêt. Sire Olivier n’eut d’autre recours que de le suivre, accompagné de son fidèle serviteur, nous laissant là avec nos charrettes et nos bagages que nous avions laissés à l’entrée de la ruelle d’Enfer. Il nous fallut rebrousser chemin et sortir de la ville par une autre porte, tant bien que mal, nous hâtant pour ne pas laisser notre sire tout seul.Nous parvînmes après deux bonnes heures dans une petite clairière où nous eûmes la joie de retrouver Sire Olivier en un seul morceau. Au moins, le traître tenait parole. D’ailleurs, il vint nous rejoindre par un autre chemin, seul, arrogant, tellement sûr de sa victoire qu’il n’avait même pas pris la peine de se faire accompagner. Plein de morgue, il s’adressa à notre bon sire en ces termes:

- L’endroit est-il à ta convenance, enfant?

- Certes. Mais pour faire bonne mesure, mes hardis compagnons formeront eux-mêmes l’enceinte. Ainsi combattrons-nous en champ clos. Y es-tu?

- Il suffit! Battons-nous enfin!

Ils se ruèrent l’un sur l’autre, frappant d’estoc et de taille, tenant leur épée à deux mains. Le brigand était d’une force peu commune et de plus, il avait la pratique du combat, ce que, malheureusement, Sire Olivier ne possédait pas bien. Mais il avait pour lui la bravoure, la noblesse d’un cœur généreux et le courage du lion. De plus, Notre Dame la Vierge et tous les anges et les saints du paradis étaient à ses côtés.

Il se battait bravement, vaillamment, mais commençait à perdre pied. Le brigand, lui, semblait de plus en plus fort à chaque coup et Sire Olivier avait du mal à faire front.

Il était prêt de succomber quand il se rappela le doux visage de sa Dame. Celle-ci, toute en prières, l’encourageait de chez elle. Voyant cela, un ange du paradis vint apporter sa prière jusques à notre Seigneur Jésus-Christ qui fit souffler sur lui son esprit et lui restaura toutes ses forces. Cela, c’est la pure vérité. Finalement, Sire Olivier parvint à vaincre le mauvais guerrier et à le désarmer. Celui-ci tenta de faire front bravement et lança un dernier défi :

- Et bien qu’attends-tu? Achève ce que tu as commencé et tue-moi, puisque tu en as le pouvoir. Un peu de courage!

Sire Olivier resta un moment silencieux, puis il reprit :

- Ta vie n’appartient qu’à notre Seigneur. Te tuer ne rendrait pas justice à ceux que tu as outragés. Il faut que tu sois jugé en toute équité. Je ne chercherai donc pas vengeance.Tu m’as demandé de faire preuve de courage, et bien le courage, c’est cela: renoncer à la vengeance pour laisser place à la justice. Et c’est assez causer pour ce jour. Allons, compagnons. Confions-le aux prévôts du roi et continuons notre route.

Il confia l’épée à un des compagnons pour le garder comme trophée, et deux d’entre nous allâmes livrer le félon aux sergents du roi qui se firent un plaisir de l’accueillir en leur hostellerie.

La queste de Sire Olivier de Saint-Omer - 3ème partie dans Les histoires de Gaudius combat-chevalier-232x300

Pendant ce temps là, sur une planète dont on a oublié le nom, une race humanoïde était responsable de la disparition du dernier shepiok mordoré (petit rongeur ressemblant à nos écureuils, mais avec des bajoues). Pour se couvrir et avoir chaud, ils devraient se résoudre désormais à chasser le papouth (mammifère ressemblant vaguement à nos éléphant, mais avec de la fourrure). Un papouth valait 150 shepioks, mais sa peau était plus difficile à tanner et sa fourrure était beaucoup moins douce. Les humanoïdes en question élaboraient déjà d’autres stratégies…

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La queste de Sire Olivier de Saint-Omer – 2ème partie

Posté par leblogdegaudius le 3 mars 2013

Mais l’heure du repas approchait et chez certains, messire Gaster se rappelait à leur attention. Nous entamâmes sans plus tarder les rôtis et les pâtés, ainsi que le bon pain de froment que nous avions emporté dans nos bagages, sans oublier de dire les grâces, et fîmes honneur aux barriques de vin qu’un compagnon eut la bonne idée d’emmener.

Phébus dardait ses rayons sur nous tandis qu’un oiselet guilleret nous régalait l’ouïe de sa mélodie enchanteresse. En vérité, nous étions bien, et notre repas bien garni commençait à faire ses effets. Déjà, certains dormaient benoîtement et se mettaient à ronfler. Mais l’heure s’avançait et il fallait reprendre la route.

L’un de nous demanda:

- Noble sire Olivier, n’est-il pas grand temps de repartir? Il nous faut trouver ce lion qui nous mettra sur la voie.

- C’est bien conseillé, compagnon, concéda notre sire. Allons, remettons-nous en chemin!

- Mais où est ce lion dont la dame nous a parlé?

- Te souviens-tu de l’énigme?

- Aller à la place du Roi. Au palais, donc. Mais y trouverons des lions? Notre Sire n’aime que les chiens. Peut-être sous le trône, qui sait? Il y a bien des lions sculptés, mais jamais on ne nous laissera commettre un tel sacrilège!

- Ta raison t’égare, mon bon. Place du Roi, c’est Place Royale. Quant au lion parlant que nous y trouverons, et bien… Advienne que pourra!

 

Péniblement, lourdement, nous nous remîmes donc en route. Après avoir fait bien du chemin, nous arrivâmes devant une fontaine. Voilà qui serait bien pour faire boire les chevaux. Devant elle se trouvait une femme, qui semblait attendre on ne sait quoi ou qui. Elle était richement parée et ne se gênait pas pour dévoiler ses « avantages ». Bien des yeux s’allumèrent, car nous avions compris ce qu’elle faisait ordinairement. Lorsqu’elle aperçut Sire Olivier, elle fit la plus gracieuse des révérences.

- Bonjour à vous, gentil bachelier, dit-elle dans un grand sourire. Belle journée, en vérité. Désirez-vous vous délasser? Je connais un endroit fort agréable, ma foi, ou de belles dames se feraient grande joie de vous accorder tout ce que vous désirez. Et si moi-même, je puis vous être agréable…

Sire Olivier ne répondit pas, car il était fort troublé. On l’aurait été à moins devant si charmant tableau. Mâtin la belle fille!

Notre Sire Olivier avait été formé à la dure école des armes et il avait trempé son corps et son esprit à toutes disciplines. Rarement avait-il eu l’occasion de goûter aux délices de la vie. On raconte même qu’il n’avait jamais connu femme ou pucelle. Et voilà qu’une fille folieuse lui tombait tel un cadeau du ciel. Grand prodige, en vérité. Allait-il enfin succomber? La donzelle avait un je-ne-sais-quoi qui chavirait l’âme et les sens.

La belle se faisait plus insistante:

- Allons, noble sire, vous n’allez pas faire l’affront de refuser mon hospitalité! Ma maison est accueillante et mes gens fort dévoués envers les braves et nobles soldats. Dites un mot, parlez, par la grâce de Dieu!

Après un moment, Sire Olivier prit une grande respiration:

- Dame, soyez remerciée pour votre hospitalité. Mais je ne puis accepter ce que vous m’offrez si … généreusement. En vérité, ce serait grandement offenser le Seigneur que d’offenser dame ou pucelle. Je devine qu’on vous a contrainte à exercer ce vilain métier. Parlez sans crainte, dites qui vous force. Au nom de notre Seigneur Jésus-Christ, je châtierai les coupables et vous rendrai votre honneur!

Dès lors, la belle changea complètement d’attitude. Comme par magie, d’autres vêtements la recouvrirent, lui donnant allure plus noble.

- Doux Sire, lui dit-elle enfin, point n’aurez besoin d’en arriver là, car ce que vous voyez là n’est qu’apparences et masques, et vous avez bien passé l’épreuve. Vous avez su domestiquer vos appétits sensuels et faire preuve de chasteté.

Vous avez prouvé que vous étiez digne de votre titre. En vérité, votre noblesse et votre grandeur d’âme m’ont touchée à ce point que je désire être à vous et à nul autre.

- Noble Dame, votre offre me trouble plus encore, mais je dois encore refuser. J’ai fait serment de ne point prendre épouse et de me consacrer à notre Seigneur et à Notre-Dame, Madame Marie.

J’en ai le cœur tout navré car j’éprouve pour vous un sentiment qui ne vient pas de la chair. Mon esprit en est tout exalté, comme si je touchais à la suprême félicité.

- Ce sont nos âmes qui ont communié. Et ce dont vous parlez s’appelle l’Amour. Un amour épuré, sincère et vrai. Un de ces amours terrestres qui touche à l’Amour Céleste.

- Dame, je vous serai fidèle à jamais. Mais je dois également respecter mon serment. Aussi, pourquoi ne pas nous lier par le serment du sang? Nous serons plus proches que frère et sœur, et nous resterons tous deux purs.

- Qu’il en soit ainsi!

Et ainsi fut fait. Sire Olivier et la Darne s’entaillèrent chacun le doigt et mélangèrent leur sang. Puis elle lui demanda d’attendre un moment et rentra dans une petite maisonnette, bien coquette et bien proprette. Elle en ressortit, portant un heaume et des jambières, ainsi qu’une épée qu’elle remit à notre Sire.

- C’était l »épée de mon père. Il a combattu vaillamment toutes les forces du mal et me l’a remise pour l’offrir au chevalier qui serait digne d’elle. Elle vous aidera à débarrasser notre bonne ville d’un brigand qui infeste nos rues et nous rend la vie dure.

-Madame, je jure de me montrer toujours digne d’elle et de votre confiance. Mais avant de repartir, je dois trouver un lion qui me mettra sur la voie. Où le trouverai-je?

La Dame l’emmena devant un lion de bronze, de l’autre côté de la fontaine.

- Voici votre lion, beau bachelier. Interrogez-le.

Comme notre sire n’y entendait goutte, elle reprit:

- Vous avez dompté votre lion intérieur, pour devenir vous-même un lion. Sa force et son courage vous sont acquises pour le bien d’autrui.

Mais il y a d’autres lions dans cette vie, et qui se terrent dans leur tanière. Le brigand dont je vous ai parlé est de ceux-là. Allez, et faites bonne justice. Le lion vous montre le chemin.

La queste de Sire Olivier de Saint-Omer - 2ème partie dans Les histoires de Gaudius 002_h3_03_lrg_original-150x2101jambiere1 chasteté dans Les histoires de Gaudiusepee-de-roncelin-de-fos2-300x287 épée

Pendant ce temps là,sur la planète Tatawinn, Luke Whitesoccer avait une explication orageuse avec son coach, Dark Kador:

- Luke, je suis ton père!

- Même pas vrai! Ma mère me l’aurait dit!

-Mais, Luke…

- Nan! D’ailleurs, j’en mettrais ma main à couper!

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La Queste de Sire Olivier de Saint-Omer: 1ère partie

Posté par leblogdegaudius le 18 février 2013

Or donc, il arriva en ce jour du mois de Juin de l’an de grâce 1201 de notre Seigneur Jésus-Christ que le fier et noble bachelier Sire Olivier de Saint-Omer fut victime d’un enchantement et vit disparaître sur le coup ses armes et sa monture, et ce avant d’être armé chevalier. Grandement en fut-il marri et nous, ses fidèles serviteurs en avions également le cœur navré.

Fort heureusement, le ciel veillait sur nous et une nuit, Notre Dame, la bonne Sainte Vierge lui apparut, lui enjoignant de ne pas désespérer et de se rendre diligentement en la bonne ville de Reims. Là, il devrait prouver sa valeur et montrer qu’il serait vraiment digne de devenir chevalier. S’il voulait retrouver ses armes, grandes épreuves devrait-il traverser et grands périls affronter. Et c’est à nous, ses humbles serviteurs, que reviendrait le redoutable privilège de lui être et témoins, et compagnons d’armes pour servir le Grand Œuvre.

 

Ce fut vraiment grand honneur qui nous échut là, et nous nous mîmes en route sans plus tarder, en grand équipage et partîmes rejoindre notre bon sire qui nous avait précédés et qui était parti bien avant. Nous arrivâmes au bord de la ville. Quand il nous vit, il nous fit bon accueil.

- Grand merci à vous, nobles dames et gentils compagnons, fit-il, de m’accompagner dans ma queste. J’ai craint un moment de me retrouver seul et abandonné, mais Notre Dame vous a divinement inspiré en vous envoyant vers moi. Recueillons-nous un moment afin de la remercier et de solliciter son aide tout au long de notre parcours.

Nous nous recueillîmes donc un moment, puis Sire Olivier donna enfin le signal du départ:

- A présent, mettons-nous en route, car le jour s’avance.

 

En arrivant en bordure d’un palais, Sire Olivier aperçut une noble dame couronnée, qu’il salua fort courtoisement:

- Gente princesse, je vous salue. Puisse le ciel vous accorder bonne vie et place en paradis.

- Soyez-en remercié, gentil bachelier, répondit-elle en retour. Est-il quelque chose que je puisse faire pour vous?

- En vérité, madame, un méchant sortilège m’a privé de mon armure et de mes armes avant que je sois à même de servir notre Sire le Roi.

Une vision m’a conduit à vous et m’a assuré que vous pourriez me mettre sur la voie. Au nom de notre Seigneur Jésus Christ, je sollicite votre aide car me voilà dans le plus grand embarras.

- Noble bachelier, vous êtes celui qui devait m’être envoyé et je puis en effet vous aider. Mais avant cela, vous devrez être mis à l’épreuve et prouver votre valeur.

- Gente dame, pour l’amour de notre Seigneur, j’endurerais mille morts. Parlez, et j’obéirai.

- Pour l’heure, vous devrez faire un choix qui engagera votre vie toute entière. Vos compagnons devront également se soumettre à l’épreuve. C’est seulement par la suite que vous pourrez continuer votre chemin. Etes-vous prêt?

- Je suis prêt, affirma-t-il.

 

Elle nous demanda également si nous étions prêts à suivre notre seigneur. Oui-­da, nous étions prêts et nous le criâmes bien haut et bien fort. Alors, la princesse prit une paire d’éperons, ainsi qu’une bourse remplie de pièces d’or,  et les présenta à Sire Olivier.

Celui-ci était bien embarrassé et nous de même. Chacun s’interrogeait et interrogeait son compagnon. L’un était d’avis d’emporter la bourse et l’autre disait que c’était là diablerie et qu’on ne pouvait se fier à si belle figure. Cela donnait ceci :

- Voilà une bourse qui sera fort utile pour nos dépenses!

- Oui, mais n’y a-t-il pas là piège du Malin? Beaucoup se sont gâté l’âme par amour de l’or.

- Que ferait-on de ces éperons? Ce sont eux qui nous donneront à manger?

- Moi, je ne sais pas et j’attends de voir venir.

 

Notre voyage commençait bien! Comment bien conseiller notre bon sire avec des avis aussi contraires? Et la princesse qui lui tendait derechef la bourse et les éperons! Qu’allait faire Sire Olivier? Finalement, après un instant de réflexion, il choisit les éperons.

 

- En vérité, noble bachelier,  vous avez choisi sagement et vous avez fait preuve de discernement. Rares sont ceux qui ont su choisir entre richesse illusoire et richesse vraie. Cette bougette ne vous aurait fait que peu d’usage. Notre Sire le Roi sera bien secondé. Mais il vous faut également de quoi harnacher votre monture. Aussi, je vous prie d’accepter cette lettre de change qui vous permettra de vous fournir auprès de l’armurier royal lui-même.

 

Elle lui tendit un parchemin et reprit :

- Vous pouvez continuer votre chemin, noble sire. Mais auparavant, allez donc remercier Notre Dame la Sainte Vierge en sa cathédrale, qui si bien vous conseilla et vous conseillera bien encore si vous tenez ferme.

- Et ainsi ferai-je, noble Dame. La paix soit avec vous. Mais avant de nous quitter, savez-vous où je pourrai trouver le reste de mes armes?

- Lorsque vous serez à la place du Roi, fit-elle, mystérieuse, un lion vous répondra.

Notre sire la salua respectueusement, puis nous fîmes tous procession pour aller remercier notre bonne Sainte Vierge. Trois fois nous fîmes le tour du dehors, puis trois fois du dedans, en entonnant des cantiques d’allégresse, nous laissant emporter l’âme par l’ambiance mystique de ce lieu sacré.

La Queste de Sire Olivier de Saint-Omer: 1ère partie dans Les histoires de Gaudius nx354xeperon-t18869.jpg.pagespeed.ic_.wvaj2fjwzi

Pendant ce temps là, sur la planète Kree-Peton, ASAHI-RA, épouse du Professeur MARS-EL,  mettait au monde le petit JOR-EL

A suivre…

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