Dans quelques jours, ce sera le solstice d’hiver, qui précède les fêtes de Noël et du Nouvel An. Les jours ont décliné à une vitesse phénoménale, le corps ressent une certaine lassitude et si ce n’étaient les impératifs économiques qui nous poussent à agir, nous rentrerions tous en hibernation. L’hiver est le temps de l’intériorisation et de la méditation. Dans les rues, les guirlandes illuminent les rues, comme pour nous rappeler inconsciemment que la lumière est toujours là. C’est aussi une époque de fièvre, pas seulement acheteuse, mais de réjouissance, comme si, inconsciemment, nous retrouvions quelque chose de perdu.
Au sein de toutes les traditions, on s’apprête à fêter l’année qui se termine, et celle qui commence.
Les passages en italique qui suivent sont empruntés à quelques exposés de rosicruciennes et de rosicruciens, que je remercie pour leur aimable autorisation.
Ainsi le solstice de la Saint Jean d’hiver, la fête de Noël, la Fête de la Lumière chez les Rosicruciens ou la Fête de Yeschouah chez les Martinistes reflètent intérieurement le grand mystère du Cosmos à l’homme en quête d’éveil.
D’un point de vue astronomique, il faut savoir que
… en été, le Soleil se lève proche du nord-est, puis il s’approche de l’est qu’il franchit en automne. Passé l’automne, il se décale de plus en plus vers le sud-est jusqu’en hiver. A ce moment, il va rebrousser chemin pour repartir vers l’est qu’il franchit au printemps puis se dirige vers le nord-est d’où il rebroussera en été, et ainsi de suite. Aux époques, où le Soleil « rebrousse chemin », et ce pendant trois jours, il semble se lever sur le même point d’horizon. C’est le solstice : le «Soleil arrêté » (sol-sistere). Aux solstices, le Soleil se situe sur les cercles tropiques. Et le terme tropique, provient du grec tropos qui signifie demi-tour.
De même,… il est admis qu’il faut que le Soleil se situe à – 18° sous l’horizon pour que la nuit soit noire, sinon c’est encore le crépuscule…
D’un point de vue astrologique, le 21 décembre signale l’entrée du soleil dans le signe du Capricorne. Le Capricorne est considéré d’un point de vue traditionnel comme « la porte des dieux », la porte de la naissance dans le monde des Esprits (initiation, mort symbolique) ; opposé à son signe contraire, le Cancer, qui est « la porte des hommes », celle de naissance dans le monde physique. La lumière « solaire » (réflexive, rationnelle) laisse place à la lumière « lunaire » (intuitive, analogique). Rappelons le, cette période est propice à l’intériorisation, à la méditation et au recueillement.
Mais la période du solstice d’hiver est aussi l’époque des grands Avatars, des différents rédempteurs de l’humanité : Krishna, Horus, Mithra…. et bien sûr, Jésus-Christ. A la « remontée » de l’âme humaine répond la « descente » d’un principe divin, comme pour un mariage mystique.
Que dit la tradition chrétienne ?
Selon la Tradition, Saint Jean l’évangéliste est la personnification de la lumière crépusculaire du soir, celle qui embrase le ciel lorsque le soleil vient de disparaître sous l’horizon. Le disciple préféré du maître fut, en effet, le confident de ses enseignements secrets, réservés aux intelligences d’élite des temps futurs. On lui attribue l’apocalypse, qui, sous prétexte de dévoiler les mystères chrétiens, les masque sous des énigmes calculées pour entraîner les esprits perspicaces au-delà des étroitesses du dogme. Aussi est-ce de la tradition johannite que se sont prévalues toutes les écoles mystiques, qui, sous le voile de l’ésotérisme, ont visé ã l’émancipation de la pensée. La doctrine du verbe fait chair, c’est-à-dire de la liaison divine incarnée dans l’humanité, remonte d’ailleurs, ã travers Platon, aux conceptions des anciens hiérophantes.
Ce solstice d’hiver, c’est-à-dire Noël, est la descente du Verbe Divin dans » les parties inférieures de la terre « , comme dit St Jean, jusqu’au centre obscur de la Nature afin de l’illuminer, car » Il doit tout remplir « , conformément à la parole de l’Écriture : « Lux in tenebris lucet, »
Donc, , le moment de ce solstice est un moment qui nous permet de prendre conscience de la présence de l’esprit dans la matière, comme un éclair de lumière dans l’obscurité. Car le passage d’un état à un autre consiste toujours en une mort dans un cycle précédent et une naissance dans le cycle suivant. Ce processus de naissance et mort, mort et renaissance, appelé initiation, a lieu dans le Temple, creuset du voyage intérieur et image symbolique du Cosmos ou du monde manifesté.
Le solstice d’hiver est la fête d’une lumière plus subtile, que seule peut révéler une connaissance intérieure,
Comme le souligne encore la tradition chrétienne, » La Lumière luit dans les Ténèbres, les Ténèbres ne peuvent L’atteindre « .
Aussi bien d’un point de vue symbolique que d’un point de vue géographique, la Lumière (entendu : spirituelle), issue du Logos, prend naissance au Nord, au plus noir de la nuit comme au plus froid de l’année. Elle n’est perceptible qu’au sein du silence intérieur de qui a su faire un instant taire ses bavardages devant l’ineffable.
Du côté « païen » : pourquoi le premier mois de l’année nouvelle est le mois de janvier ?
« La dénomination de janvier (“januarius”), mois par lequel s’ouvre l’année, provient du nom du dieu romain Janus (de “janua” qui signifie porte). En tant que dieu du passage d’un cycle à l’autre et, plus généralement, d’un état à un autre, il est habituellement représenté par un visage à double face dont l’une regarde vers le passé et l’autre vers l’avenir. Cependant, entre le passé qui n’est plus et le futur qui n’est point encore, il n’y a de place que pour l’imperceptible présent. Un présent au-delà de l’ordre temporel, où la succession se mue en simultanéité, où toute chose rejoint l’impérissable, l’éternité. Aussi, le vrai visage de Janus, celui de l’éternel présent, est-il invisible. “Maître du triple temps”, Janus est avant tout le “Seigneur de l’éternité”.
Janus, le gardien des portes du cycle annuel, est représenté avec deux clés, ses principaux attributs. Ces portes ne sont autres que les portes solsticiales qui donnent accès aux deux phases du soleil. C’est l’ombre et la lumière;
Pour en revenir à la tradition chrétienne, notons que la Crucifixion et l’Ascension ont eu lieu à midi : de « minuit » à » midi « , c’est le trajet de la rédemption faisant passer le monde et l’homme des ténèbres à la lumière. La fixation de la fête de Noël au 25 décembre correspond au solstice d’hiver, le point où le soleil, arrivé au plus bas de sa course annuelle, recommence à s’élever dans le ciel ; cette « porte solsticiale » était appelée dans l’Antiquité, la » porte des dieux « , nous dit Porphyre, c’est-à-dire le passage par où l’on s’élève aux états supérieurs.
On comprend mieux combien ce symbolisme s’applique merveilleusement au Christ qui est le » Soleil de justice » dont la naissance fut saluée comme celle de « l’astre se levant d’En-Haut, pour éclairer ceux qui sont assis dans les ténèbres et l’ombre de la mort, pour diriger nos pas dans la voie de la paix » (St Luc 1, 78-79).^
Si nous prenons donc le temps de méditer sur les aspects philosophiques et spirituels des fêtes de fin d’année, peut-être en feront nous un point de départ pour une certaine quête intérieure ? Puissent donc les prochains jours vous apporter joie, régénération intérieure et, selon la formule rosicrucienne consacrée, Paix Profonde.

Gaudius