Réfexions autour de … René DESCARTES

Posté par leblogdegaudius le 27 juillet 2014

Il y a quelques années, nous avons mené une réflexion commune à propos de René DESCARTES. On ne sait toujours pas avec certitude s’il fut lui-même un Rose-Croix ou s’il ne se contenta que de les fréquenter. Divers auteurs se sont penchés sur ce personnage finalement fort méconnu du public. Cet article ne prétend pas leur faire concurrence, mais il essaie bien humblement de présenter ce philosophe sous un autre jour et de présenter certains parallèles entre ses méditations et certains aspects de l’enseignement rosicrucien. Ce sont ces réflexions communes que je vous propose ici.

I/ QUELQUES DONNEES GENERALES A PROPOS DE RENE DESCARTES (1596-1650)

 

1) René DESCARTES est assez souvent jugé comme un matérialiste, un rationnel, un logique, un mécaniste. Etre cartésien, c’est symboliser la froideur. En fait, DESCARTES était à la fois un savant et un métaphysicien…souvent trahi, voire sacrifié pour certains. Il faut dire que, durant sa vie, René DESCARTES est toujours resté un homme très secret, difficilement localisable et qui faisait parfois des réapparitions soudaines: on le surnommait « le philosophe masqué ».

 

Pour les partisans de DESCARTES, réduire le philosophe au cartésianisme et à sa méthode, c’est bâtir une légende creuse. Ils ont plutôt la certitude que René DESCARTES a permis un nouveau « mode de philosophe », ce qui fait de lui le « père de la philosophie moderne »

 

2) Il existe un discours de la méthode COMPLET, comprenant plusieurs traités scientifiques (la dioptrique, les météores, la géométrie). Ces derniers en constituent le volant pratique. René DESCARTES occupe dans la métaphysique une place particulière, dans la mesure où il pose des questions essentielles sur la liaison possible ou non, entre l’ego et Dieu. DESCARTES place au centre de ses recherches l’ETANT sur le CONNAISSANT : COGITO(3) ERGO (2) SUM (1)

 

Pour René DESCARTES, l’ETANT comprend le sujet ne se résumant pas à un corps, mais comme une médiane où agit le composé âme-corps. Il n’existe donc pas de superposition de deux entités distinctes (âme et corps), mais bien une union substantielle:

Méthode de Descartes

Pour arriver à cette union, DESCARTES a écrit le Traité des Passions qui consiste en un chemin pour mieux conduire non seulement sa raison, mais aussi toute sa vie. La clef en demeure la maîtrise de ses passions: en faire bon usage pour atteindre à l’affectivité généreuse, car seule celle-ci aide à être plus heureux.

 

3) Ne pas confondre « METHODE et REGLE:

 

. la méthode est un moyen pour canaliser les actions humaines; le sujet peut agir: facilité;

. la règle est plus arbitraire, c’est une loi qui s’applique; le sujet est passif: contrainte.

 

4) Quelques éléments intéressants sur la biographie de René DESCARTES :

 

. Gravement malade dès les premiers mois de sa vie, sa mère mourut moins d’un an après sa naissance en mettant au monde un autre fils, lui-même décédé à 3 ans. René fut élevé par sa nourrice. Plus tard, il eut une fille= Francine, d’une servante=Hélène. Sa petite fille mourut à     5 ans de la scarlatine. Faut-il y voir des raisons suffisantes pour mieux comprendre le lieu de sépulture de DESCARTES=un cimetière en Suède pour « les enfants morts avant l’âge de raison». Par la suite, la dépouille de DESCARTES a subi beaucoup de violation (crâne dérobé). Cette dernière repose en 1′église de St Germain des Près.

 

. Comme René DESCARTES était de santé fragile très tôt, il lui fallait beaucoup de calme et de repos le matin. Souvent alité, ces temps de silence étaient propices à l’écriture : « une parenthèse où la pensée s’éclaircit ». René DESCARTES était aussi un esprit curieux et avide de concret: a décrit la structure d’un flocon de neige; a voulu construire une lunette pour mieux scruter la lune; a aimé anatomiser des viscères. Il existait donc une complémentarité nourrie entre solitude, discrétion, méditation ET curiosité, pratique et action:

 

« La philosophie que je recherche (..) est la connaissance des Vérités qu’il nous est permis d’acquérir par les lumières naturelles, et qui peuvent être utiles au genre humain »

 

. René DESCARTES était un être social, et un pédagogue: pour enseigner ses connaissances au plus grand nombre, DESCARTES a privilégie le français et non le latin, a utilisé une orthographe simplifiée et pratiquait des discours faciles à comprendre. Cette grande générosité lui était reconnue par tous.

 

II/ René DESCARTES, mystique méconnu ?

 

Tiré des « Méditations métaphysiques » coll. « Les intégrales de Philo/NATHAN »

 

Origine de l’œuvre:

 

René Descartes a été préoccupé de métaphysique bien avant d’écrire son « Discours de la méthode » en 1637 et ses « Méditations » en 1641.

Il a débuté ses travaux sur le sujet dès 1629, alors qu’il était en Hollande, dans la petite ville de FRANEKER, située sur le canal de LEEUWARDEN, au nord du Zuiderzee.

 

Inscrit à l’Université de LEEUWARDEN, il mène une existence quasiment monastique, hébergé dans un château délabré où un jésuite et un franciscain viennent dire la messe à domicile. Dans la solitude la plus complète, sans aucun autre ouvrage qu’une Bible et la « Somme Théologique » de Thomas d’AQUIN, il compose un petit traité de métaphysique, qu’il abandonnera par la suite pour se consacrer à l’optique. Cependant, cet ouvrage sera le point de départ de ses travaux métaphysiques ultérieurs.

 

Finalement, Descartes publiera en 1641, chez l’éditeur SOLY, en latin, ses « Méditations métaphysiques », traduites en français en 1647, accompagnées des objections et des réponses à ces mêmes objections.

 

Analyse et commentaire des « Méditations Métaphysiques » :

 

Les méditations sont au nombre de 6 :

 

La 1ère méditation porte des choses que l’on peut révoquer en doute.

 

Elle est consacrée à un doute volontaire et systématique. Descartes doute de ses sens, considérés comme trompeurs. Il décide de douter de tout ce qui se présentera à ses sens, volontairement, et invoque pour cela l’argument du rêve. De même, il doute de ses facultés et y oppose l’argument d’un Dieu trompeur qui va jusqu’à truquer les évidences intellectuelles, puisque la Volonté divine est toute-puissante et mystérieuse. Les vérités de la raison auraient pu être autres, après tout.

C’est le doute démesuré, hyperbolique qui devient métaphysique.

 

Il y ajoute l’existence d’un « Malin génie » tout aussi rusé, sorte de reprise, de duplicata du « Dieu trompeur », qui sera d’ailleurs aussi vite oublié qu’il avait été difficilement envisagé. Les raisons de douter sont trop subtiles et difficiles pour empêcher le retour en force des anciennes opinions et des préjugés.

 

Pour lutter contre ses préjugés, (tout ce qui est vraisemblable est vrai), il faut adopter un contre-préjugé (toutes mes opinions sont fausses), et l’hypothèse du malin génie l’aidera à chasser toutes ses anciennes opinions.

 

Si le doute de Descartes est si exigeant, s’il se veut sans concessions, c’est afin que la première vérité qui sortirait éventuellement de la suite de ses méditations soit une vérité elle-même incontestable et absolue, à la mesure du doute dont elle aura triomphé.

 

En pratiquant le doute méthodique, René Descartes nous montre comment les rosicruciens que nous sommes peuvent et doivent rester « de vivants points d’interrogation ». Le doute cartésien est un outil de travail destiné, comme il a été dit plus haut, à mettre à jour une vérité incontestable et absolue. Mais nul n’a poussé à ce point l’interrogation et l’ouverture d’esprit, car en fait, c’est aussi de cela qu’il s’agit.

 

C’est à ce travail de purification de tous nos préjugés qu’il nous faut nous atteler, afin de pouvoir laisser entrer en nous un jour ce qu’on pourrait appeler « la Vérité ». Il faut commencer par mettre de l’ordre dans nos pensées, et commencer par le plus simple, nos sensations. Dans le même temps, ce peut être un excellent exercice pour mieux comprendre le fonctionnement de nos sens objectifs. Ce sujet est d’ailleurs abordé dans nos monographies.

Comme nous pouvons le voir, Descartes est loin d’être une « vielle barbe du passé » et sa méthode est toujours actuelle.

 

La 2ème méditation traite de la nature de l’esprit humain.

 

Dans la 2ème méditation, Descartes continue le processus commencé dans la 1ère méditation. On doit douter avec énergie de ses sens, de son imagination et de sa mémoire. Or, il reste que tout trompés que nous soyons, nous sommes, nous existons; et nous devons donc tenir pour vraie cette proposition chaque fois que nous la prononçons ou la concevons dans notre esprit.

 

C’est le fameux « Cogito ergo sum, je pense donc je suis »,  du « Discours de la méthode »: « Le Grand trompeur ne saura jamais faire que je ne sois rien, tant que je penserai être quelque chose ». (Notons que dans cette 2e méditation, Descartes fait l’économie du « Je pense » pour se concentrer sur le « Je suis ».) C’est l’affirmation ontologique, l’affirmation de l’être, l’affirmation du sujet existant. Moi qui doute, je suis, j’existe.

 

Descartes sait donc qu’il existe, et qu’il est au moins sûr qu’il est « une chose qui pense », c’est à dire « une chose qui veut, qui entend, qui conçoit, qui affirme, qui nie, qui veut, qui ne veut pas, qui imagine aussi et qui sent »,  même si, pour le moment, il n’est pas certain que ce que je vois ou touche existe réellement. En résumé, la seule réalité indubitable est celle de l’esprit. L’existence du sujet pensant est plus certaine que celle du corps.

 

En affirmant ainsi l’importance de la pensée, René Descartes nous invite à nous pencher sur une de nos facultés majeures, à savoir la réflexion et ses processus de raisonnement, et de ce fait, à poursuivre notre recherche du « Connais-toi toi-même ».

Si nous étendons notre domaine de réflexion et essayons de faire abstraction du monde extérieur, nous découvrirons effectivement que notre conscience ne s’arrête pas à ses facultés objectives, et que d’autres processus entrent en jeu. Lesquels? Là aussi, révisons nos monographies.

 

La 3ème méditation nous amène à démontrer l’existence de Dieu.

 

Jusqu’à présent, nous n’étions sûrs que de notre existence, ignorant encore tout le reste. La terre, notre corps, ou du moins, l’idée de la terre, l’idée du corps se présentent à notre esprit; « idée » » devant être pris au sens de « représentation mentale ». Le problème est de savoir si des Etres extérieurs sont la source de ces représentations, ou si nous sommes nous-mêmes la source de ces idées (ou représentations), qu’elles nous semblent innées, comme le triangle, factices, (par exemple une chimère) ou de n’importe quelle réalité extérieure.

 

Pour résoudre la question, Descartes réfléchit à la nature des idées et emprunte ses termes à la philosophie scolastique (c’est à dire des écoles du Moyen-Age où l’on enseignait le système d’Aristote).

La réalité matérielle de l’idée, c’est ce dont elle est faite. L’idée est constituée par de la pensée, elle est d’étoffe mentale.

Sa réalité objective, c’est ce qu’elle représente simplement, tandis que sa réalité formelle, c’est l’être réel auquel peut-être elle renvoie.

Le problème cartésien est celui-ci: existe-t-il des idées dont le contenu représentatif me contraint de poser hors de moi une existence indépendante authentique, ou bien toutes mes représentations ne renvoient-elles en toute rigueur qu’à la seule réalité de mon être propre?

Ce dont nous sommes sûrs, c’est que toutes nos pensées attestent de la réalité de notre être. Mais peut-il exister quelque chose d’autre, ou bien le monde n’est-il que notre représentation?

 

Seule l’idée de Dieu, par sa simple réalité objective, c’est à dire par ce qu’elle représente, nous contraint à poser une réalité formelle extérieure à nous­-mêmes. Par cette idée de Dieu, entendons « une substance infinie, éternelle, immuable, indépendante, toute connaissante,  toute-puissante ».

Étant nous-mêmes substance, et une substance finie, nous n’aurions pas l’idée d’une substance infinie si elle n’avait été mise en nous par « quelque substance qui fût véritablement finie ».

 

Autrement dit, l’idée d’infini est une idée qui se trouve comme telle dans ma conscience et dont je ne puis,  moi-même être fini,  me considérer comme l’auteur. Quelle est la cause de ce moi fini qui a l’idée d’infini?

Je ne puis être la cause de moi-même, car dans ce cas, je me serais donné toutes les perfections dont j’ai l’idée.

Moi, si imparfait, qui ai cependant l’idée de perfection, je n’ai pu la recevoir que d’un Etre parfait qui me dépasse et qui est l’auteur de mon être.

Voilà donc Dieu démontré, et il s’agit d’un Dieu parfait, c’est-à-dire d’un Dieu qui est toute bonté. Le malin génie est exorcisé.

Un Etre parfait ne peut vouloir nous tromper : les évidences ne sont donc pas truquées et Dieu nous garantit la vérité de nos idées claires et distinctes.

Pour Descartes, la bonté de Dieu est avant tout la véracité divine. C’est un Dieu garantissant des vérités.

 

Il s’agit là non pas d’une évidence mathématique, qui a besoin d’être fondée et garantie, qui porte sur des objets, mais d’une évidence métaphysique et même ontologique, qui porte sur des êtres, qui s’impose à nous dans la découverte du cogito et de Dieu, et qui n’est pas du même ordre. Par ailleurs, l’évidence ontologique de la Perfection divine garantit les évidences mathématiques.

 

Un point important vient d’être abordé, que nous pourrions appeler « l’intuition de Dieu », et qui fait appel à la dimension spirituelle de l’être humain, voire, sa dimension mystique. Descartes avoue son incompréhension de l’infini de Dieu, se rapprochant de la conception d’inconnaissable, d’inaccessible à l’entendement, d’ineffable; saisi de vertige, il revient à un niveau humain et tente à partir de l’humain de prouver Dieu.

Ce Dieu n’est pas l’éternel absent. Il est au contraire l’agissant, ce qu’on pourrait tenter de définir comme « le Grand Architecte de l’Univers », le Créateur, qui a conçu, manifesté et animé la création selon des lois immuables et parfaites. Ces lois, aussi bien physiques que métaphysiques, il en est le garant, comme le fait entendre René Descartes.

Ceci devrait nous rappeler quelque chose…

 

La 4ème méditation traite du vrai et du faux.

 

Faisant suite à cette 3è méditation, se pose le problème du vrai et du faux, du bien et du mal, face à la véracité divine. Pourquoi le faux et l’erreur? Descartes observe que l’erreur n’est pas seulement une négation, mais aussi une privation, c’est à dire la négation d’un bien dû : je me trompe souvent sur des questions qui sont à ma portée et à propos desquelles je ne devrais pas me tromper. En fait, l’erreur vient de la conjonction de l’entendement, c’est à dire de la faculté de connaître, et de la volonté, ou du libre arbitre.

 

Si l’entendement; fini, mais parfaitement sain ne fait que proposer ses représentations au libre vouloir, c’est la volonté qui prend la responsabilité d’affirmer ou de nier. Cependant, la nature de la volonté n’est pas intrinsèquement imparfaite. C’est elle qui me fait connaître que je porte l’image et la ressemblance de Dieu.

L’erreur ne vient pas de la nature de mon vouloir, mais du mauvais usage que j’en fais, en prenant la responsabilité d’affirmer une idée qui n’est pas parfaitement éclaircie et distinguée.

Ce n’est pas délibérément, mais par précipitation dans notre zèle à faire le bien. Nous pouvons certes agir à l’aveuglette, tout aussi librement, mais il s’agit là d’un défaut dans la connaissance plutôt qu’une perfection dans la volonté.

 

En parlant de la volonté de Dieu, Descartes affirme qu’elle est « souverainement indifférente », et qu’aucune idée de bien et de vrai ne la prédétermine. Au contraire, la volonté humaine trouve les Vérités déjà créées et elle tend nécessairement vers le bien universel. Il en résulte que l’homme embrasse d’autant plus volontiers et d’autant plus librement le bon et le vrai qu’il les connaît plus évidemment, et que le fait de choisir indifféremment telle ou telle idée n’est que la manifestation de son ignorance ou du moins, de son doute. L’indifférence et la vrai liberté vont exactement en sens inverse, elles sont inversement proportionnelles.

 

Autrement dit, en faisant bon usage de son libre arbitre, l’homme progresse vers le bien, et il répond ainsi à son désir de faire le bien.

Dans cette 4ème méditation, René Descartes reconnaît que sa volonté, et même ses autres facultés lui viennent de Dieu, et cela doit nous rappeler la conception rosicrucienne de l’âme humaine et de l’Ame Universelle.

La grâce divine et la connaissance naturelle, affirme-t-il, loin de diminuer ma liberté, l’augmentent et la fortifient. L’erreur elle-même est instructrice puisqu’elle nous fait prendre conscience de notre imperfection et nous amène à y remédier.

Le libre arbitre, don de Dieu, est un des outils de l’évolution humaine vers la perfection.

 

La 5ème méditation aborde l’essence des choses matérielles et l’existence de Dieu.

 

Il n’est pas encore question de l’existence du monde et des choses, encore frappés par le doute cartésien, mais des essences, qui nous sont connues par des idées claires et distinctes, comme par exemple, l’idée d’un triangle, sujet abordé dans la 3ème méditation, ou d’autres figures géométriques qui s’imposent à nous avec évidence. Descartes, à ce propos, déclare que « lorsque je commence à les découvrir, il ne me semble pas que j’apprenne rien de nouveau mais plutôt que je me ressouviens de ce que je savais déjà auparavant ».

 

Rappelons que la vérité de ces essences géométriques, claires et distinctes, nous est déjà garantie depuis la 3ème méditation où il est démontré qu’il existait un Dieu et qu’il n’était pas trompeur.

 

Par l’exemple des idées mathématiques, Descartes déduit l’existence de Dieu par l’idée qu’il a de Dieu: de l’idée d’un Être souverainement parfait je peux déduire qu’il existe, car « un être souverainement parfait auquel il manque l’existence, c’est à dire auquel il manque quelque perfection » est une contradiction dans les termes.

Ainsi,  «je ne connais pas moins clairement et distinctement qu’une actuelle et éternelle existence appartient à la nature » de Dieu que « je connais que tout ce que je puis démontrer de quelque figure ou de quelque nombre appartient véritablement à la nature de cette figure ou de ce nombre ».

 

Contrairement à la 3ème méditation, qui part des effets pour rechercher la cause (ici, l’idée de Perfection amène à l’Etre parfait), la cinquième méditation considère l’idée de parfait à priori comme une essence mathématique sans s’interroger sur son origine, sur sa Cause.

L’idée de Dieu, c’est à dire l’idée d’infini que l’on trouve en nous n’est semblable à aucune autre. C’est la seule idée dont l’essence implique nécessairement l’existence. C’est la nécessité de l’existence de Dieu qui s’impose à nous, c’est une intuition, une expérience spirituelle.

 

Par extension, nous pourrions dire que cette idée de Dieu en nous donne naissance à tout le reste. Puisque Dieu est le Grand Architecte de l’Univers et qu’il est le garant de ses lois, ses lois sont inscrites en nous et nous y avons accès si nous tournons notre pensée vers elles, ce qui explique selon l’optique de Descartes, qu’on puisse sen ressouvenir.

 

Il ne s’agit pas là à proprement parler de réincarnation. Rien n’indique que René Descartes y souscrivait. On pourrait rapprocher cette notion de la Conscience Cosmique, ou des Archives Akashiques, en résumé, de tout ce qui rattache l’homme à l’Universel.

En démontrant Dieu selon un modèle mathématique, Descartes reprend-t-il à son compte l’ancienne affirmation: « Au commencement, Dieu géométrisa » ? Nous-mêmes, pourrions tenter de faire le lien, mais on ne peut préjuger ici de sa pensée intime. Il apparaît plus clairement que, d’après les méditations précédentes, on peut percevoir l’existence de Dieu aussi bien par la raison que par l’intuition; que l’une n’exclut pas l’autre et qu’elles peuvent très bien s’unir pour donner de très beaux fruits.

 

La 6ème et dernière méditation déduit l’existence des choses et traite de la réelle distinction entre l’âme et le corps de l’homme.

 

Si seule l’idée de l’Etre parfait implique son existence, celle des choses matérielles est à ce moment reconnue comme seulement possible, Dieu ayant évidemment « la puissance de produire toutes les choses que je suis capable de concevoir avec distinction ». C’est une réflexion sur la faculté d’imaginer qui nous fait conjecturer que l’existence des corps est probable.

L’imagination diffère de la faculté de comprendre. Selon Descartes, l’imagination demande un effort pour représenter matériellement, pour concrétiser une idée. Le pouvoir d’imaginer ne peut guère se concevoir que s’il existe quelque chose qui diffère de notre esprit.

 

Une réflexion sur la connaissance sensible et la confiance en la véracité divine, découlant de la 3ème méditation, nous invitent à conclure à la réalité des choses matérielles. Nous avons une idée claire et distincte de nous-mêmes, en tant que substance pensante, tandis que notre seule idée distincte du corps est celle d’une chose étendue.

Or, il nous arrive, contre notre gré, toutes sortes de sensations, d’émotions et de douleurs, et tout ce qui nous arrive par les sens nous amène à penser que notre mental n’en n’est pas le créateur. Et comme la cause ne peut en être imputée à Dieu lui-même, sous peine de tromperie, il faut en conclure que le monde et les corps existent.

 

Cependant, ils ne sont pas tels que nous les voyons, car les idées sensibles sont généralement confuses. Ni nos sensations, ni nos sentiments ne sont des connaissances objectives. Ils ont pourtant une valeur de signal et nous signifient de façon assez exacte ce qui nous est utile ou nuisible. Les sentiments et les désirs témoignent en tout cas de l’union de l’esprit avec le corps, et pas seulement le fait que l’esprit loge dans le corps, comme un pilote dans un navire. Si cette dernière proposition était la seule valable, l’esprit saurait par immédiatement ce qui est « déréglé » en l’homme alors que la sensation de douleur témoigne bien de l’union et du mélange de l’âme et du corps.

 

Cela dit, pour Descartes, cette union n’est vraie que pour l’homme seulement et ne peut être étendue à la nature. Son originalité et sa difficulté consiste en ce qu’il enseigne à la fois la réelle distinction entre l’âme et le corps, et leur union substantielle.

 

Dans les lettres à la princesse Elisabeth de 16431 (à qui il dédiera « Les passions de l’âme »), il résumera ses méditations ainsi, en « trois notions primitives »,  chacune ne devant être entendue que par elle-même.

 

Ainsi, l’âme dont l’essence est bien dégagée dans la seconde méditation, et qui est de penser (Descartes préfèrera nommer cette âme pensante mens, esprit, plutôt qu’anima.). Le corps se définit seulement par « la notion de l’extension de laquelle suivent celles de la figure et du mouvement ».

 

Enfin, la troisième notion fondamentale, c’est l’union de l’âme et du corps, laquelle ne relève ni de la métaphysique ni de la physique, mais essentiellement de l’expérience vécue.

 

Après un long périple, Descartes revient au point de départ. Il a démontré que Dieu a « la puissance de produire toutes les choses que je suis capable de concevoir avec distinction »,  et qu’il est de ce fait Omnipotent; il s’est basé sur son expérience de l’imagination pour concevoir l’existence du corps comme probable, il a examiné avec attention le fonctionnement de ses sens, à quelles sensations, émotions et idées ils donnaient naissance; et il a reconnu de ce fait qu’il n’avait pas plus de raisons de douter de l’existence du monde que de celle de Dieu.

Dans le même temps, il a expérimenté la dualité de sa nature, ce qui doit nous rappeler un certain axiome rosicrucien. Et si l’union de l’âme et du corps ne peut être étendue à la nature, c’est parce que la sensation qui vient de l’extérieur n’a pas en soi d’intentionnalité.

 

Autrement dit, il n’y a rien d’extérieur à l’homme; tout ce qu’il interprète n’est que l’image de ce qu’il perçoit. Ce n’est pas parce qu’il y a autour de soi un espace vide que cet espace est lui-même le vide. C’est la complexité de la nature humaine, à la fois corps et âme qui nous fait prendre conscience du monde et cette complexité (Descartes dit « complexion ») est un don de Dieu.

 

Conclusion:

 

Le texte des « Méditations métaphysiques » de René Descartes doivent éveiller un écho en nous et nous aider à mieux comprendre les enseignements rosicruciens. Cela ne devrait d’ailleurs pas nous étonner, car il est connu que Descartes a été un membre de la fraternité, ou du moins, en a été fort proche.

 

Son apport, aussi bien au domaine scientifique qu’au domaine philosophique, est considérable. Proposant un nouvel ordonnancement de la pensée, il aura eu une grande influence par la suite sur la société, notamment dans le siècle de Louis XIV, où l’absolutisme monarchique marque un retour à l’ordre après des années d’anarchie : ordre dans l’architecture, dans les arts, dans la vie sociale par exemple.

 

De même, puisque les enseignements rosicruciens vont dans un ordre croissant et méthodique, on pourrait dire que la démarche rosicrucienne est une démarche « cartésienne ».

 

Par sa soif d’absolu et de certitude, et par la rigueur de sa méthode, René Descartes nous aide à démontrer que toute démarche spirituelle n’est pas forcément synonyme de brumeux, de compliqué et d’irrationnel. Au contraire, il apporte un nouvel éclairage au vieil adage « Tout ce qui est en haut est comme tout ce qui est en bas » et rend intelligible aussi bien le monde matériel que le monde spirituel. Mystique méconnu, René Descartes est encore à découvrir.

 

Pour terminer cet exposé, voici un rapide aperçu de définitions et d’axiomes qui peuvent illustrer la pensée de Descartes:

 

-          « La substance que nous entendons être souverainement parfaite, et dans laquelle nous ne concevons rien qui enferme quelque défaut, ou limitation de perfection, s’appelle Dieu ».

 

-          « Aucune chose, ni aucune perfection de cette chose actuellement existante, ne peut avoir le Néant, ou une chose non existante, pour la cause de son existence ».

 

-          « Toute la réalité ou perfection qui est dans une chose se rencontre formellement, ou éminemment, dans sa cause première et totale ».

 

-          « Il y a divers degrés de réalité ou d’entité : car la substance a plus de réalité que l’accident ou le mode, et la substance infinie que la finie… »

 

-          « La volonté se porte volontairement, et librement (car cela est de son essence), mais néanmoins infailliblement, au bien qui lui est clairement connu …»

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Gaudius

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